Le bras de fer a commencé hier, au Pakistan, entre le président Pervez Musharraf et l'ex-opposition, qui a remporté massivement les législatives de lundi et s'efforce de s'unir contre le chef de l'Etat, récemment réélu et soucieux de s'agripper à son poste. Rien n'est joué car aucun des deux partis en tête ne dispose d'une majorité pour gouverner seul, et Musharraf pourrait jouer sur la défiance qui subsiste entre ces mouvements des deux anciens Premiers ministres ennemis des années 1990 : le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Benazir Bhutto, assassinée le 27 décembre dernier dans un attentat suicide, et la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N), de Nawaz Sharif. D'autant que les deux formations qui ont entamé, hier, deux jours de négociations pour un gouvernement d'union, divergent déjà sur le sort à réserver à Musharraf. Les discussions s'annoncent donc difficiles entre la PML-N et le PPP de Zardari. Sans compter que le PPP est un parti qui se veut progressiste et que Mme Bhutto avait promis de “débarrasser le Pakistan des islamistes”, y compris en permettant aux Etats-Unis de frapper sur son territoire, dans les zones tribales du nord-ouest, bastion des talibans et des combattants d'Al-Qaïda. Alors que les Américains se méfient de M. Sharif, qu'ils considèrent comme un bigot prêt au compromis avec les fondamentalistes. Les états-majors des deux partis se réunissaient dès hier, les deux leaders doivent se rencontrer aujourd'hui. De son côté, Musharraf a assuré, hier, au Wall Street Journal qu'il ne n'envisageait pas de démissionner pour l'heure. La répartition des portefeuilles dans un éventuel gouvernement PPP-PML-N et, surtout, de celui de Premier ministre, sera donc épineuse. Outre qu'elle s'est transformée en un référendum de rejet de Musharraf, le second enseignement majeur de la consultation de lundi est que la population a exprimé sa défiance à l'égard des partis islamistes radicaux. Avec plus de 50 sièges, ils avaient percé lors des législatives de 2002, ils n'ont obtenu que trois sièges lundi. DJAZIA SAFTA/AGENCES