Le nouveau Premier ministre Pakistanais, Yousouf Raza Gilani, issu du parti de Benazir Bhutto, assassinée en décembre, a prêté serment, hier, devant le président Pervez Musharraf, avec lequel il a déjà engagé un bras de fer sans concession. Lors d'une brève cérémonie au palais présidentiel, Gilani a répété les paroles du serment prononcées par le président Musharraf, en costume-cravate et le visage impassible. “J'assure le Premier ministre de mon entière coopération et le félicite”, a ensuite déclaré à la télévision, Pervez Musharraf, qui s'exprimait aux côtés de Yousouf Gilani. “Je crois que les forces doivent s'unir car les temps qui viennent vont être difficiles avec le terrorisme, l'économie... Tous les camps doivent travailler ensemble de manière équilibrée”, a-t-il poursuivi. “Par leur vote, les Pakistanais ont clairement désigné le type de gouvernement et de politique qu'ils veulent voir appliquer”, a répondu Gilani. Ce dernier a été élu lundi Premier ministre par l'Assemblée nationale, à une écrasante majorité, obtenant 264 des 342 voix des députés et l'emportant facilement sur son unique concurrent, Chaudhry Pervaiz Elahi, partisan du président Musharraf, qui n'a eu que 42 voix. À peine élu, le nouveau Premier ministre a engagé un bras de fer avec le chef de l'Etat en ordonnant la libération de tous les juges, notamment de la Cour suprême, placés en résidence surveillée depuis l'imposition de l'état d'urgence par Musharraf en novembre 2007. Ces magistrats, parmi lesquels l'ancien président de la Cour suprême Iftikhar Muhammad Chaudhry, étaient à l'époque sur le point de se prononcer sur la validité de la récente réélection au suffrage indirect du président Musharraf. La future coalition de gouvernement a promis de restaurer les juges dans leurs fonctions dans les 30 jours, ouvrant la voie à une contestation judiciaire de la réélection du président, une éventualité redoutable pour Pervez Musharraf. “C'est le pire cauchemar que le président puisse imaginer et qui est en train de se réaliser”, a déclaré Ayaz Amir, analyste et journaliste politique. Le Parti populaire pakistanais (PPP), associé à la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) de l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, renversé en 1999 par le général Musharraf, a remporté les élections législatives du 18 février, au cours desquelles les soutiens politiques du chef de l'Etat ont été laminés. Alors que le pouvoir est en train de changer de main au Pakistan, l'ambassade américaine a confirmé, hier, l'arrivée à Islamabad de deux importants diplomates dont le secrétaire d'Etat adjoint John Negroponte. Les deux hommes devraient rencontrer le président Musharraf, le Premier ministre Gilani et Sharif. Les chefs du PPP et du PML-N ont récemment indiqué qu'il fallait revoir la stratégie de lutte contre le terrorisme, ce qui n'a pas manqué d'inquiéter Washington. DJAZIA SAFTA/AGENCES.