Le communiqué de la chefferie du gouvernement concernant le mouvement de contestation dans la Fonction publique, rendu public hier par l'APS, a suscité un vent de colère au sein des syndicats autonomes qui maintiennent leur mouvement de débrayage prévu aujourd'hui. La Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique sont plus que jamais déterminés à faire grève et revendiquer non pas l'application de la nouvelle grille des salaires, mais plutôt sa révision et sa refonte. Ils demandent l'ouverture de dialogue et une reconnaissance du gouvernement comme étant les véritables partenaires sociaux prêts à travailler ensemble pour apporter des solutions aux problèmes des fonctionnaires. “Ces déclarations n'ont fait qu'envenimer les choses. Malgré nos appels au dialogue, le Chef du gouvernement n'a pas trouvé mieux que jeter de l'huile sur le feu”, a déclaré, hier, Méziane Meriane, président du Syndicat autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) et porte-parole de la Coordination des syndicats autonomes de la Fonction publique. Selon notre interlocuteur, joint hier au téléphone, la sortie de Abdelaziz Belkhadem, Chef du gouvernement, vise à torpiller le mouvement de contestation à la veille de la grève. “Il ne faut pas inverser les rôles, nous ne sommes pas responsables de cette situation. Pourquoi le gouvernement refuse le dialogue et marginalise les syndicats autonomes ? Pourquoi notre lettre de revendications est restée sans réponse et aucune déclaration n'a été faite concernant le système indemnitaire ? Voilà les raisons de la protestation, ce n'est pas l'application de la nouvelle grille des salaires sachant que cette dernière a été rejetée par la coordination au lendemain de sa finalisation. Notre revendication d'augmentation du prix de l'indice à 70 DA n'a pas été prise en charge”, a-t-il précisé. Il explique également que les augmentations prônées par le Chef du gouvernement sont insuffisantes, elles seront de suite absorbées par l'inflation. “Abdelaziz Belkhadem a démontré, encore une fois, son mépris à l'égard des fonctionnaires qui revendiquent de meilleures conditions de vie”, s'indigne M. Rahmani, premier responsable du Conseil national de l'enseignement supérieur (Cnes). Tout comme son confrère de Snapest, les déclarations du Chef du gouvernement visent à casser le mouvement des travailleurs en les accusant de “preneurs d'otages” des usagers des services publics. “C'est notre avenir et celui du pays qui sont pris en otages par un gouvernement qui refuse d'ouvrir le dialogue avec les vrais partenaires sociaux. L'avenir des Algériens concerne tout le monde, notamment les syndicats autonomes. L'évolution et la modernité d'un pays passent d'abord par le dialogue”, a-t-il expliqué. Il a précisé, par ailleurs, que la nouvelle grille de salaires ne fera que décevoir les travailleurs de la Fonction publique, car elle ne reflétera pas leurs espérances. Evoquant la visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, aujourd'hui à Alger, le responsable du Cnes a déclaré que ce mouvement a simplement coïncidé avec sa visite. “Notre décision a été prise bien avant l'annonce de la visite du président de la République. Le hasard fait bien les choses, peut-être ça sera une occasion pour que le président de la République prenne des décisions historiques concernant les fonctionnaires et les syndicats autonomes”, a-t-il conclu. Les mêmes réactions ont été notées dans la majorité des syndicats autonomes, notamment ceux de la santé qui estiment que la dernière sortie du Chef du gouvernement est un non-événement. Nabila Afroun