Le général, membre de la famille “verte”, est-il en train de fausser compagnie à ses camarades ? Le “haut responsable de la présidence” de la République cité, mardi, par Ali Benflis dans sa conférence de presse serait le général (à la retraite) Larbi Belkheir. Enfant du système par excellence, à l'instar d'ailleurs de M. Ahmed Ouyahia, le chef de cabinet de la présidence est un homme à l'influence avérée. Grâce à sa force de persuasion et à ses énormes tractations, il a pu, avec le concours du général Mohamed Mediène dit “Toufik”, imposer la candidature de Abdelaziz Bouteflika à l'institution militaire après la démission de Liamine Zeroual en septembre 1998. Sans se montrer, nature du système oblige, il a dirigé de main d'orfèvre la campagne du “candidat du consensus”, et conforté la certitude du triomphe. Le Chef du gouvernement déchu était, à ce moment-là, directeur de campagne. On peut aisément comprendre les relations de convivialité unissant les deux hommes. Larbi Belkheir, né en 1938 à Frenda, dans la wilaya de Tiaret, pouvait manier le verbe et les jeux de coulisse à volonté, l'unanimisme ayant entouré la candidature de Bouteflika rendait les choses tellement faciles. On peut comprendre aussi qu'il ait pu conseiller à Benflis de continuer à soutenir le Président et de l'appuyer, au nom du FLN, dans sa quête de réélection. Le bâtonnier a refusé. Belkheir serait logiquement favorable à un second mandat de l'actuel chef de l'Etat. Cela voudrait dire que ses amis au sein de la puissante et mystérieuse institution militaire le sont aussi. Parle-t-il donc en leur nom ? Dans leur ensemble, les militaires se sentent trahis par Bouteflika. Ses références révérencieuses aux chefs intégristes et aux inspirateurs du terrorisme islamiste, ses pièges à répétition contre les généraux, son arrogance, bien sûr, ont fini par irriter. Ces militaires, dont l'une des éminences grises, Mohamed Touati, conseiller du Président aux questions de défense, ont manifesté des signes de mécontentement évidents, souvent exprimés par le chef d'état-major Mohamed Lamari. Larbi Belkheir, membre de la famille “verte”, est-il en train de fausser compagnie à ses camarades ? Est-il en train d'anticiper sur leur choix ? Le marchandage dont Benflis a révélé l'existence est tout à fait conforme à la nature du régime et de ses hommes. Le “haut responsable de la présidence” croyait naïvement pouvoir gagner la docilité de l'ex-Chef du gouvernement. Le réflexe est en soi révélateur ; et la gravité de la crise algérienne, plus que sa complexité, réside dans ces pratiques que les “héritiers” de la Révolution ont érigé en mode de gouvernance. Parallèlement, le refus catégorique opposé par le bâtonnier suppose l'existence d'une deuxième voie. Une voie dont ce “haut responsable à la présidence” ne saurait se revendiquer. Ali Benflis a, en tout cas, promis de révéler l'identité de son interlocuteur. Il a, fait important sans doute, bien précisé que celui-ci l'a reçu dans… son bureau. Hier, nous avons vainement tenté de joindre M. Belkheir au téléphone. L. B.