Tirs d'artillerie et bombardements ponctuent une situation de plus en plus inquiétante entre l'Inde et le Pakistan. Ni l'Inde ni le Pakistan ne donnent l'impression de vouloir faire l'effort de réduire la tension qui ne cesse de monter dans une région marquée par un conflit dont personne ne peut, en l'état actuel des choses, prévoir les retombées. Retombées d'autant cruciales que les essais de missiles effectués samedi par le Pakistan, - même si Islamabad se défend d'en faire un défi - accentuent une pression déjà à son paroxysme. Cette donne, en fait, est prise au sérieux par la communauté internationale qui ne cesse d'appeler les deux pays à la retenue. Ainsi samedi, de Saint-Pétersbourg, les présidents russe et américain se sont déclarés «très inquiets» de cette escalade. Ce qui fait dire au chef de la diplomatie américaine, Colin Powell que «chaque fois que vous avez deux armées aussi proches et un tel niveau de tension, la probabilité d'un déclenchement d'hostilités existe, et tous deux possédant l'arme nucléaire, c'est une source d'inquiétude pour tous». En fait, la situation n'a cessé, ces derniers jours, de se dégrader entre les deux puissances régionales l'Inde et le Pakistan. Les appels à la retenue de la communauté internationale ne semblent pas avoir eu l'effet escompté, tant les deux belligérants donnent l'impression d'être décidés à l'irréparable. Le pire - la guerre entre l'Inde et le Pakistan - est désormais pris en compte par la communauté internationale, notamment après les déclarations des dirigeants des deux pays qui renforcent, au contraire, les risques de confrontation. Cela a été particulièrement le cas du Premier ministre indien, Atal Behari Vajpayee qui, dans un discours «musclé» à Srinagar, capitale de Jammu-et-Cachemire (la partie indienne à majorité musulmane du Cachemire), ne semble laisser d'autre issue que la guerre, lorsqu'il affirme: «Notre objectif est et doit être la victoire, parce que l'heure d'un combat décisif a sonné et, dans cette guerre, nous gagnerons», soulignant: «Nous devons mener notre propre guerre, nous y sommes prêts, nous y sommes préparés.» Quelque peu isolé sur la plan international, - ce qui fait dire à des responsables pakistanais, ayant requis l'anonymat, que le Pakistan, qui s'est «engagé aux côtés de la coalition internationale dans la lutte contre le terrorisme, est ainsi mal récompensé» -, le Pakistan ne parvient pas à faire croire à sa détermination à empêcher les incursions de la guérilla cachemirie. En mal de se faire entendre, le Pakistan, qui réitère que la solution doit être trouvée «par des négociations bilatérales», réaffirme qu'il «ne veut pas la guerre», mais qu'il «est prêt pour la guerre» comme l'a affirmé, samedi, le président pakistanais, le général Pervez Musharraf. Le président pakistanais, dans un discours à l'occasion du Mawlid ennabaoui, déclare: «Nous ne voulons pas la guerre, mais nous n'avons pas peur de la guerre. Nous sommes prêts à la guerre. Qu'il n'y ait pas de malentendu à ce sujet.» Commentant le succès de la série d'essais de missiles qui a débuté samedi, le général Musharraf (qui devait faire un discours à la nation hier en soirée) indique que le Pakistan «avait la capacité de traverser avec succès cette situation critique», affirmant cependant que les essais n'avaient pas «pour but d'impressionner» l'Inde, répondant indirectement à New Delhi qui déclarait après l'essai de samedi n'être «pas impressionnée». Réagissant à ces essais, le président Bush a déclaré, à partir de Saint-Pétersbourg où il était en visite: «Nous avons exprimé de sérieuses réserves. Nous espérons que ces essais ne seront pas perçus comme une provocation.» Ce climat délétère ne facilite en rien les tentatives internationales de calmer les esprits pour trouver une issue pacifique au problème cachemiri pendant depuis 1947. Ce que semble penser le secrétaire d'Etat américain Colin Powell, lorsqu'il exhorte Pakistanais et Indiens à «laisser la communauté internationale les aider à trouver une voie politique pour résoudre la situation». Cependant, jamais les choses ne sont allées aussi loin dans un antagonisme qui ne se trouve plus de limite. C'est encore la détention par les deux pays de l'arme nucléaire qui fait craindre à la communauté internationale les risques de dérapage aux conséquences considérables, d'autant que les analystes et les spécialistes n'excluent pas une possible «utilisation tactique» de l'arme nucléaire. Ainsi, selon William Hopkinson du Royal Institute of International Affairs de Londres, «il y a, à coup sûr, un risque de voir l'une des deux parties utiliser l'arme nucléaire si elle commence à perdre sur le plan conventionnel». Consciente de la gravité de la situation, la communauté internationale tente de prévenir ce risque qui reste suspendu sur la région tout en mettant en danger la paix dans le monde.