Le président de l'Union des juristes sahraouis (UJS), Abba Hussein, a présenté hier, au siège du CNASPS (Alger), un livre intitulé Crimes en silence (103 pages), qui a été réalisé par l'UJS en collaboration avec les militants sahraouis des territoires occupés. “Le livre raconte la répression, sous toutes ses formes, et les atteintes aux droits humains dont est victime le peuple sahraoui, depuis l'invasion marocaine en octobre 1975, à huis clos, loin des Nations unies, de la communauté internationale et des observateurs et journalistes indépendants”, a déclaré l'invité du CNASPS. Il a expliqué que la présentation de l'ouvrage coïncide, entre autres, avec la tenue, à Genève, de la 7e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. “Depuis mai 2005, les disparitions forcées et les exactions ont pris de l'ampleur. La répression marocaine contre les civils sahraouis est devenue globale”, a relevé M. Hussein, rappelant que le Maroc détient encore 151 prisonniers de guerre sahraouis et 526 prisonniers politiques sahraouis. L'intervenant n'a pas oublié ces “centaines de disparus sahraouis”, ces “persécutions”, cette “discrimination” et ces “restrictions draconiennes au droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion”, imposées par l'occupant. Faisant écho au communiqué de l'UJS du 2 mars 2008, Abba Hussein s'est dit “préoccupé par la situation qui prévaut dans les territoires occupés du Sahara occidental”. “Ces violations et crimes contre l'humanité, contenues dans le livre, sont écrites pour la première fois en français, pour alerter particulièrement l'opinion publique française sur la nature de l'alignement de la France au régime marocain”, a-t-il précisé. Il a aussi appelé l'ONU et son secrétaire général, Ban Ki-moon, à intervenir pour “libérer immédiatement” les détenus sahraouis, “lever le quadrillage militaire des territoires occupés”, “résoudre définitivement” le dossier des 6 millions de mines antipersonnel et “élargir les compétences de la Minurso au volet des droits de l'homme”. Lors de la conférence de presse qu'il a animée ensuite, le président de l'UJS est revenu sur les déclarations faites récemment par M. Ki-moon devant le Comité spécial chargé d'étudier l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux. Ces propos, a-t-il dit, confortent la partie sahraouie, et confirment que “le processus de décolonisation n'est pas achevé” dans le “territoire non autonome” du Sahara occidental. C'est une raison suffisante pour rendre public le rapport de l'ONU sur la situation des droits de l'homme au Sahara occidental. Concernant le 4e round de négociations maroco-sahraouies, reporté au 16 mars prochain “sur demande du Maroc”, il a affirmé qu'il n'attend “rien” de ces pourparlers, tant “le Maroc continue à se contredire et à vouloir coûte que coûte que sa proposition soit avalisée, sachant pourtant que sa souveraineté au Sahara occidental n'est pas reconnue par la communauté internationale, pas même par les Américains”. Le conférencier n'a pas exclu l'idée d'un “dérapage” du Maroc et de ses “associations satellites” pour contrarier “le choix souverain du peuple sahraoui”, faisant référence à la politique d'armement et à la menace d'une “marche verte” vers Tifariti. “Le Maroc portera toute la responsabilité en cas de dérapage”, a-t-il assuré. H. Ameyar