Alors que rien ne le prédit, et cela tant que les conditions politiques régionales demeurent en l'état, des appels fusent et se font insistants pour la tenue d'un sommet de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Le dernier en date est parti de Tunis, où le président Zine El Abidine Ben Ali et son homologue mauritanien, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi, ont plaidé, mardi, pour “la tenue d'un sommet maghrébin dans les meilleurs délais” en présence de tous les dirigeants de l'Union qui regroupe, outre la Tunisie et la Mauritanie, l'Algérie, le Maroc et la Libye. Lors d'un entretien, à l'occasion de la visite que le président mauritanien a effectué en Tunisie, les chefs d'Etat se sont engagés à “œuvrer en vue de réunir les conditions propices” à la tenue d'un tel sommet et à dynamiser les mécanismes de cet ensemble régional en panne. Les chefs d'Etat des cinq pays de la région ne se sont pas rencontrés depuis plus de 13 ans, le dernier sommet de l'UMA remontant à 1994. Créée en 1987, à Alger, dans la ville côtière de Zéralda, l'UMA a vu son processus d'intégration achopper essentiellement sur la question du Sahara occidental, territoire annexé en 1975 par le Maroc qui le considère, en dépit du droit international et de multiples résolutions onusiennes, comme faisant partie de son espace national. L'Onu devait trouver la solution à la décolonisation de cette ancienne colonie espagnole, un référendum d'autodétermination des populations sahraouies, mais le Maroc ne veut pas en entendre parler, concédant à une autonomie symbolique qui garde ce territoire sous la souveraineté marocaine. Ce que réfute le Front Polisario, menaçant de reprendre les armes si le Maroc ne met pas fin à ses tergiversations, tout en prenant à témoin l'Onu dont la responsabilité demeure entière. Ceci pour souligner, s'il en est encore besoin, que la balle est toujours dans le camp marocain. Et pourtant, que d'appels, d'exhortations et même de pressions pour remettre sur les rails une organisation régionale dont il n'est plus besoin d'exposer les bienfaits pour les peuples maghrébins. Avec l'UMA, les accords économiques, pour n'en rester qu'à ce niveau, entre, d'une part, les pays de l'Afrique du Nord et, d'autre part, leurs partenaires notamment de l'Union européenne ou encore l'OMC et les marchés outre atlantiques, auront été nettement plus significatifs. Un marché maghrébin de soixante millions de consommateurs et de citoyens pèse plus lourd et l'équation gagnant-gagnant se serait imposée sans coup férir. Il reste que dans l'affaire, l'Algérie a toujours fait preuve de disponibilité, allant jusqu'à ne pas lier la relance de l'UMA au traitement de la question du Sahara occidental. La balle est chez les Marocains, les autres partenaires de l'UMA doivent le savoir. Mais, comme il n'y a pas de fumée sans feu, l'appel tuniso-mauritanien doit bien signifier que les choses sont en train de bouger dans la région. D. B.