En moins de 10 jours, la gendarmerie de Béchar a saisi plus de 40 quintaux de kif traité. Après la saisie du 2 mars de 20 quintaux et 39 kilos de kif, sur la base de renseignements, les gardes frontières de Hassi Khebbi (Béchar) ont essayé d'intercepter un petit convoi (trois Toyotas station et deux motos) à la tombée de la nuit. Refusant d'obtempérer, les gendarmes ont usé de leurs armes. Les chauffeurs ont pris la fuite à bord d'une voiture vers le Maroc laissant les autres véhicules. En fouillant les voitures abandonnées, les gendarmes ont mis la main sur une quantité de 20 quintaux de kif traité et 4 520 cartouches de cigarettes. Ce qui porte les saisies supérieures à 100 kilos depuis le début de l'année à 4 649 kilos, soit presque cinq tonnes. La valeur de la saisie est estimée à 20 milliards de centimes. L'année 2007, pour les mêmes volumes, c'est-à-dire les saisies de plus d'un quintal, n'ont pas dépassé les deux tonnes et demie. Cela ne concerne que les quantités supérieures à un quintal alors que les saisies annuelles, opérées en majorité à l'ouest du pays, exception faite des 583 kilos saisis à Illizi le 11 octobre 2007. L'année commence déjà avec ce record et présage d'une exceptionnelle “cueillette”. Et pour cause, l'extension de la culture de plus en plus vers les zones arides du sud du royaume a eu pour conséquence un surplus de production que les réseaux marocains cherchent à écouler à tout prix. Ce qui explique ces extraordinaires saisies. Et le renforcement par les services de sécurité espagnols de la surveillance et du contrôle du trafic entre l'Espagne et le Maroc a poussé les narcotrafiquants marocains à “ouvrir” d'autres voies d'acheminement du kif vers leur traditionnel marché européen. D'où les tentatives de transiter par le territoire algérien. L'étendue de la frontière est mise à profit pour échapper aux services de sécurité. Cela sans compter sur le renforcement du dispositif frontalier avec les postes avancés, les patrouilles et postes de contrôle des gardes frontières. Dispositif dicté, par ailleurs, par la découverte suite à des saisies de cocaïne de relations entre les narcotrafiquants colombiens et les réseaux de kif marocains ainsi qu'une possible entente entre les Marocains et les Orientaux pour un échange d'héroïne contre du kif. Ce qui expliquerait la saisie d'Illizi en 2007. Les trafiquants marocains s'aventurent davantage, y compris en territoire algérien, en raison de la rareté des passeurs, surtout les Algériens qui craignent de plus en plus pour leur vie et les lourdes peines de justice qu'ils encourent. Vu l'énorme récolte, c'est en ce moment la période, les trafiquants ont recours aux véhicules tout-terrains pour faire traverser le plus de quantités possibles en une courte durée. Pour eux, le choix de Béchar est fait pour échapper au maillage sécuritaire au nord de la bande frontalière, croient-ils. Et à défaut d'arriver à faire parvenir “la marchandise” jusqu'au marché, les trafiquants marocains tentent d'inonder le marché algérien. Marché qui commence à faire des adeptes, notamment à Adrar où a été découverte, en 2007, par les services de la gendarmerie, une plantation de cannabis de 15 ha, 8 318 plants d'opium et 6 274 plants de cannabis. Djilali B/ R. Roukbi