Le terrible tremblement de terre du 21 mai 2003 de Boumerdès avait déjà provoqué un mini-tsunami qui s'était déplacé vers les côtes espagnoles. Ce n'était d'ailleurs pas le seul tsunami “observé” au niveau de notre pays. Un séisme-tsunami pourrait toucher les côtes méditerranéennes à tout moment. C'est ce que rapporte une étude qui devrait être publiée aujourd'hui, lundi, dans la revue britannique Nature Geoscience. Il y est mentionné que les délais entre deux tremblements de terre et tsunamis pourraient être plus courts que ce qui était “calculé” jusqu'à maintenant. Pour cela, les chercheurs ont pris comme “référence” le grand tremblement de terre qu'a subi la ville égyptienne d'Alexandrie en 365. Il s'en était suivi un tsunami ravageur qui avait détruit Alexandrie avec, au bout, un bilan de plusieurs milliers de morts des villes côtières, du Nil jusqu'en… Croatie. Selon cette étude, la périodicité de ces évènements, qui était estimée à 5 000 ans, ne serait finalement que de 800 ans. L'analyse faite par les auteurs de l'article, travaillant sous la conduite du professeur Beth Shaw, de l'Université de Cambridge (Angleterre), a pu être faite grâce à une reconstitution de ce qui s'est passé en 365 av. J.-C. Ils affirment qu'il “s'est produit sur une faille d'environ 100 km de long, plongeant vers le Nord-Est à 30° en partant de la Fosse hellénique, jusqu'à une profondeur de 45 km”. Avec les nouvelles données, ils précisent qu'une “reproduction” dans la région de la Méditerranée orientale est possible tous les 800 ans. Ils soulignent que le fait qu'il n'y ait eu qu'un seul séisme-tsunami (à Rhodes en Grèce en 1303) depuis celui d'Alexandrie “devrait attirer notre attention sur le risque actuel de tsunami en Méditerranée orientale”. Cette nouvelle de risques de tsunami sur la Méditerranée survient quelques jours après les déclarations (dans les colonnes d'un quotidien arabophone) de l'astrophysicien Luth Bonatero. Il affirmait que l'Algérie est sous la menace d'un séisme de forte ampleur qui devrait survenir en avril ou mai prochain. Du “sensationnel” que le controversé ex-membre du Craag (Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique) nous a habitués depuis plusieurs années à ses polémiques sur plusieurs sujets (parfois il s'en est sorti avec “succès”). Le risque sur l'Algérie d'un séisme suivi d'un tsunami est loin d'être une “boutade”. D'ailleurs, même si cela s'est passé presque en “catimini”, le terrible tremblement de terre du 21 mai 2003 de Boumerdès et ses environs avait aussi provoqué un mini-tsunami qui s'était déplacé vers les côtes espagnoles. Ce n'était d'ailleurs pas le seul tsunami “répertorié” au niveau de notre pays. En se fiant aux données sismiques existantes sur l'Algérie qui remontent à 1365, au moins deux autres tsunamis ont été enregistrés. Le premier remonte à 1365 et il avait inondé une partie de la ville d'Alger. Le second a touché Jijel en 1856. Aussi, on ne peut omettre de rappeler la vague “mystérieuse” qui avait frappé Mostaganem le 3 août dernier en provoquant la mort de 12 baigneurs. Un tsunami qui ne disait pas son nom. Si le Craag n'avait rien mentionné ce jour-là, le réseau national de surveillance sismique de Strasbourg (France) avait bien enregistré une activité. Un séisme qui s'était produit en plein milieu du bassin méditerranéen, d'une magnitude de 4,6 sur l'échelle de Richter, avait ainsi été enregistré à 21h08 (heure algérienne). Une polémique avait même été déclenchée sur les “origines” de l'événement (on avait même parlé d'essais nucléaires souterrains de la France). Toutefois, mis à part l'aspect “mystérieux” de la vague, la thèse d'un tsunami a été la seule scientifiquement valable qui avait été retenue à ce moment-là. Devant ces états de fait, que font nos responsables pour parer à toute éventualité ? On notera que l'Algérie est partie prenante du réseau d'alerte tsunami en Méditerranée lancé en 2005, et dont le système vise à améliorer les capacités d'évaluation des dangers et l'efficacité de l'alerte. Un réseau dont l'efficacité n'a pas été démontrée jusqu'à maintenant. À quand d'autres initiatives ? Salim Koudil