Il est vrai que le pays a connu à trois reprises le phénomène, mais il n'en reste pas moins que la multiplication, ces dernières années, des secousses sismiques, même si elles sont de moindre intensité, pourrait provoquer des catastrophes naturelles autres que celles qu'a eu à connaître l'Algérie jusque-là. La vague “mystérieuse” qui a provoqué la mort de 12 baigneurs sur une plage de Mostaganem, il y a de cela plus d'une semaine, suscite beaucoup d'interrogations d'autant que l'information n'a été rendue publique que six jours après le drame. Alors que le Craag (Centre de recherche en astronomie astrophysique et géophysique) de Bouzaréah n'a enregistré aucune secousse dans la région, le réseau national de surveillance sismique de Strasbourg (France) a, quant à lui, signalé une activité. Pour ce centre, il s'agit d'un séisme d'une magnitude de 4,6 sur l'échelle de Richter enregistré à 21h08 (heure algérienne) et qui s'était produit en plein milieu du bassin méditerranéen. Le terme de tsunami a été vite évoqué remettant sur le tapis les souvenirs du séisme de Boumerdès (21 mai 2003), ainsi que celui qui a frappé l'Indonésie le 26 décembre 2004. Alors une question : l'Algérie est-elle menacée par un tsunami ? Les experts n'ont pas encore tranché. Certains affirment que c'est impossible, d'autres disent le contraire en avançant leur propre argumentaire. Il faut savoir que l'Algérie a déjà subi des tsunamis. Au moins trois tsunamis sont connus et sur lesquels des données sont disponibles. Le premier remonte à 1365 et il avait inondé une partie de la ville d'Alger. Il y a aussi celui de Jijel en 1856. Enfin, il y a le séisme du 21 mai 2003 de Boumerdès et ses environs, qui avait aussi provoqué un tsunami qui s'était déplacé jusqu'aux côtes espagnoles. Subirions-nous d'autres phénomènes plus dévastateurs à l'avenir ? Les chercheurs ne s'avancent pas puisque la prédiction sismologique est scientifiquement impossible. C'est ce qu'affirme la quasi-majorité des sismologues, mais cela n'exclut pas que la sismicité historique est très importante pour localiser correctement les endroits où ont été enregistrés des tremblements de terre et essayer d'accaparer un maximum d'informations. Les données sismiques existantes sur l'Algérie remontent à 1365. Cette période peut paraître lointaine, mais les informations qu'elle recèle sont importantes pour comprendre les risques éventuels à l'avenir. Les experts excluent qu'un séisme marin d'une amplitude semblable à celui qui a frappé l'Indonésie du 26 décembre 2004 puisse frapper l'Algérie. Toutefois, ils affirment que les conséquences d'un “petit” séisme marin peuvent être aussi dramatiques, et cela à cause des conditions “environnementales”. L'intensité du séisme ne peut pas être la seule origine des dégâts. L'état déplorable du littoral peut aggraver les conséquences d'une catastrophique naturelle. La destruction des dunes littorales, le vol de sable des plages et des oueds et l'état catastrophique de la gestion de nos rivages sont, entre autres, des causes aggravantes. Une situation plus qu'alarmante à laquelle il faut ajouter les effets liés aux dysfonctionnements climatiques de ces dernières années. Une situation qui touche tous les pays sans exception. Force est de constater que l'Algérie n'a pas encore intégré cette donne dans l'élaboration de sa stratégie de prévention contre les catastrophes naturelles. Salim KOUDIL