L'ambitieux projet de l'union pour la Méditerranée de Nicolas Sarkozy, revu et corrigé par les dirigeants de l'Union européenne, a fait l'objet ce jeudi d'un accord à Bruxelles à la faveur d'un sommet européen. La grande réunion économique, politique et culturelle entre les pays de la Méditerranée avait, faut-il le souligner, subi un subtil glissement sémantique, illustrant la concession faite à Angela Merkel, puisqu'il ne s'agit plus d'une “union méditerranéenne” qui devait en principe réunir seulement les 22 pays du nord et du sud riverains du bassin, mais d'une “union pour la Méditerranée” qui rassemblera désormais 39 pays : les 27 de l'Union européenne et 12 pays du sud de la Méditerranée (Algérie, Mauritanie, Maroc, Tunisie, Libye, Egypte, Jordanie, Turquie, Liban, Syrie, l'Autorité palestinienne et enfin Israël). C'est au prix d'une version, dont les objectifs ont été revus à la baisse, avec toutefois des projets concrets, qui démontrent que l'idée est grosse d'une valeur ajoutée, que le président français a réussi à vaincre les réticences de ses pairs européens. Liberté a réussi à se procurer un document qui définit les grands axes sur lesquels va reposer cette union pour la Méditerranée plus efficace, selon son initiateur, que les politiques européennes actuelles. Il faudra peut-être souligner que de nombreux gouvernements, dont l'Algérie, associés à cette idée, demandaient d'abord à voir avant de se prononcer. En effet, tout le monde était curieux de savoir ce que recouvre exactement cette union de la Méditerranée. Et il semble bien que c'est désormais chose faite, du moins dans les grandes lignes. Ainsi cinq à dix projets concrets “bien avancés”, note le document en notre possession, pourraient être lancés le 13 juillet prochain, lors du premier sommet de l'union pour la Méditerranée (UPM). Des projets auxquels ne sauraient ne pas souscrire les pays associés à l'idée de Nicolas Sarkozy puisqu'ils consistent surtout à préserver l'avenir des générations futures vivant au nord et au sud du bassin. Parmi les idées généreuses véhiculées, retenons le projet éminemment écologique de dépollution de la Méditerranée : il s'agit de réhabiliter d'ici à 2020 l'environnement de quelque 130 sites “sales” recensés sur l'ensemble du pourtour méditerranéen. Un autre projet aussi généreux à retenir, celui de l'eau potable. Un projet qui consiste à améliorer l'accès à l'eau dans l'ensemble de la zone méditerranéenne. C'est à travers de nombreux projets existants, comme la construction de canaux d'adduction d'eau entre la mer Morte et la mer Rouge ou l'utilisation de nappes phréatiques en Libye, que l'union pour la Méditerranée compte éloigner le spectre de conflits futurs dont l'eau sera la source. Autre projet concret, celui à travers lequel l'union va s'atteler à développer un plan solaire méditerranéen : il consiste à développer le recours à l'énergie solaire dans les pays du Sud. Rappelons en ce sens l'intérêt manifesté par les Allemands et les Français pour le Sahara algérien. Les responsables algériens ont tôt fait de saisir la balle au bond pour entrevoir autrement l'après-pétrole. Preuve en est le projet de réalisation d'un câble électrique long de 3 000 km devant relier Adrar à la ville allemande d'Aachen. Une occasion donc qui peut rapporter gros pour notre pays avec une production industrielle d'énergie solaire dont la demande se fait de plus en plus insistante sur le Vieux continent. Par ailleurs, l'union pour la Méditerranée compte promouvoir ce qui est appelé “les autoroutes de la mer” : déjà évoqué dans le livre blanc sur les transports publié par la Commission européenne en 2001 ; ce projet vise à multiplier les liaisons maritimes entre les différents ports méditerranéens pour “développer les échanges commerciaux”. La jeunesse est également l'objet de préoccupation de cette union puisque parmi les projets retenus, il y a la création d'un office méditerranéen de la jeunesse. L'économie et la recherche scientifique font également partie de la feuille de route qui va être discutée en juillet prochain. En effet, il est question de la création d'une agence méditerranéenne de développement de petites et moyennes entreprises (PME) et le développement d'un espace scientifique méditerranéen avec la promotion des liens entre les centres de recherche et de formation des pays du nord et du sud de la Méditerranée. Enfin, le dernier projet retenu consiste en la mise en place d'un centre méditerranéen de protection civile afin de “mutualiser” les moyens d'intervention en cas de catastrophe naturelle (séismes, incendies de forêts). Zahir Benmostepha