Première décision concrète pour y arriver : la création de la Maison de l'Algérie en France. Cette institution, dont on s'étonne d'ailleurs de l'inexistence, aura pour tâche de marketer ce produit. Elle constituera le premier contact physique avec l'Algérie. “Ce sera une devanture. Le premier marché à fidéliser est le marché de la France.” À peine le schéma directeur d'aménagement touristique adopté à Alger, le ministre en charge du secteur voit en le Salon international du tourisme à Paris une opportunité pour présenter ses ambitions. Réaliste, M. Rahmani a pleinement conscience des handicaps hérités de la gestion étatique. La concurrence est rude avec deux pays voisins, le Maroc et la Tunisie qui ont pris beaucoup d'avance, un savoir-faire carentiel, des infrastructures inadaptées, une violence qui a terni l'image du pays, même si elle a considérablement reflué, et un environnement général assez défavorable. Rien n'est pourtant insurmontable, et M. Rahmani semble résolu à ne pas laisser le retard s'aggraver. Il faut se lancer dans la compétition en sachant doser ses efforts pour remonter progressivement la pente. “La montée en puissance demande du temps”, admet-il. Il faut déjà pouvoir offrir aux Algériens ce qu'ils cherchent ailleurs. Ils seront 11 millions à vouloir voyager en 2025. Vers l'étranger, le premier objectif chiffré est celui de 2,5 millions de visiteurs à l'horizon 2015. Conscient que la clientèle est confrontée à une offre diversifiée, le ministre mise d'abord sur les nationaux établis à l'étranger et sur les touristes français qui sont des centaines de milliers à se rendre annuellement chez nos voisins alors que notre pays présente en réalité un produit beaucoup plus séduisant. Première décision concrète pour y arriver : la création de la Maison de l'Algérie en France. Cette institution, dont on s'étonne d'ailleurs de l'inexistence, aura pour tâche de marketer ce produit. Elle constituera le premier contact physique avec l'Algérie. “Ce sera une devanture. Le premier marché à fidéliser est le marché de la France. Il est essentiel que les amis français nous aident à monter cette maison. Elle sera notre ambassadrice”, a dit M. Rahmani. Le pays qui dispose d'un patrimoine immobilier inutilisé à Paris peut très vite trouver les locaux et les aménager. L'homologue français de M. Rahmani s'est engagé à aider à la réalisation de ce projet. En inaugurant le Salon, Luc Chatel a d'ailleurs visité en premier le stand de l'Algérie. Les entretiens entre les deux ministres ont porté sur la formation, la qualité et le marketing. M. Rahmani a aussi rencontré une délégation du patronat pour présenter ses projets, notamment les “villages touristiques d'excellence”. Interrogé par la presse, le ministre a présenté le parc Dounia comme étant l'un des projets phares avec un investissement de plus de 5 milliards de dollars, et une position de deuxième parc urbain au monde avec sa surface de 500 hectares. Le ministre, soucieux de ne pas s'engager sur le terrain de la diplomatie, a éludé la question relative à la délivrance des visas qui est quand même un vice rédhibitoire. Il a quand même reconnu que les pays voisins n'exigent pas de visa aux touristes même si leurs ressortissants sont soumis au même régime que les Algériens lorsqu'ils doivent eux-mêmes voyager. L'application de la règle de la réciprocité ne doit pas se faire au détriment de ses propres intérêts et, pour preuve, la Méditerranée n'est jamais traversée par des harraga allant du Nord au Sud. Après la France, le marché ciblé est celui de l'Europe en général, suivi des pays du Golfe et de l'Amérique du Nord. Les investissements envisagés par les Saoudiens, les Emiratis et les Qataris devraient drainer des clients de cette région, gros consommateurs de luxe. Mais le tourisme n'est pas que ça. C'est aussi un produit culturel dont l'Algérie détient tous les ingrédients : un patrimoine romain unique en Méditerranée, après l'Italie bien sûr, une architecture berbère, arabo-islamique et française avec les magnifiques immeubles haussmanniens des grandes villes. À quoi il faut ajouter le plus grand désert du monde, le Sahara, avec son immense variété : Tassili, Hoggar, oasis... M. Rahmani a fait valoir sa complicité avec sa collègue de la Culture pour dire cette disposition du gouvernement à travailler de concert. À Paris, il a offert vendredi soir une cérémonie ayant attiré hommes d'affaires, hommes politiques et diplomates : beaucoup de saveurs et de mélodies pour une invitation au voyage. Y. K.