Lors d'une conférence de presse qu'il a animée au siège de l'ambassade de la Rasd à Alger, M. Salek Ould-Salek a qualifié les pourparlers maroco-sahraouis de “dialogue de sourds”. “Nous voulons transmettre un message aux Nations unies et au Conseil de sécurité, sans préjuger des résultats des négociations de Manhasset. Car, nous espérons que ceux qui ont poussé le Maroc à se mettre contre la légalité internationale assument leurs responsabilités et rectifient le tir. Le refus du Maroc de permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit est lourd de conséquences. La situation est grave et peut exploser d'un moment à l'autre.” Ces propos ont été tenus, hier, par le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Salek Ould-Salek, au siège de l'ambassade de la Rasd à Alger. Lors d'une conférence de presse qu'il a animée, le diplomate a qualifié les pourparlers maroco-sahraouis de “dialogue de sourds”. “Ce que je peux dire aujourd'hui, c'est que la délégation du Front Polisario fera tout pour trouver une solution pacifique, juste et durable, qui garantisse le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, et pour renforcer les mesures de confiance”, a soutenu M. Ould-Salek. Il a, cependant, décrit le contexte dans lequel s'inscrivent ces négociations, comme un contexte marqué par une offensive du Maroc qui “rassemble ses troupes tout le long du mur de la honte, organise des manœuvres militaires dans les zones occupées sahraouies en violation du cessez-le-feu et perpétue les atteintes aux droits de l'Homme”. “Nous sommes loin d'un contexte de détente et d'un dialogue de bonne foi comme l'exigent les résolutions du Conseil de sécurité”, a-t-il commenté, avant d'ajouter : “Nous allons dire notre mot le moment venu, après le retour de la délégation et l'évaluation du 4e round des négociations.” L'intervenant n'a pas exclu plus loin “l'existence d'un complot, non pas contre le seul peuple sahraoui, mais contre toute la région” ni celle de “la politique de deux poids deux mesures” favorisant l'occupant et “le black-out” dans les territoires occupés du Sahara occidental. Dans ce cadre, il rappellera qu'en 1991, un plan de règlement de l'ONU a été adopté à l'unanimité par le Conseil de sécurité, après des négociations entre les deux belligérants. Un plan, précisera-t-il, qui prévoit “un cessez-le-feu en contrepartie de l'organisation d'un référendum supervisé par l'ONU”. Le ministre de la Rasd a également tenu à distinguer entre l'ONU et les grandes puissances membres de l'Organisation, notant que la position de l'ONU repose sur “le plan de règlement de 1991, soutenu par les accords de Houston”. Selon lui, le renoncement par Rabat à ses engagements internationaux a été encouragé par certains Etats, à leur tête la France “qui a bloqué toute pression sur le Maroc”. “Il y a au moins une capitale en Europe, qui est Paris, qui ne veut pas de la stabilité dans la région. C'est la France qui encourage la guerre”, a révélé M. Ould-Salek. Sans omettre de rappeler que “les membres permanents du Conseil de sécurité et leurs ambassades à Rabat savent ce qui se passe dans les territoires occupés sahraouis”. Interrogé sur l'après-victoire des socialistes espagnols aux dernières élections législatives, le ministre a affirmé que “le peuple sahraoui et le Front Polisario ne demandent pas que la position de l'Espagne soit au détriment de ses intérêts avec le Maroc, mais que les relations avec le Maroc ne se fassent pas au détriment du droit du peuple sahraoui”, a poursuivi le conférencier, faisant référence à la livraison, par Madrid, d'une “panoplie d'armements”, dont 1 200 véhicules blindés et des appareils de lancement de bombes à fragmentation au Maroc. Il a par ailleurs signalé que “l'Espagne a une responsabilité entière, politique et juridique” par rapport à son ancienne colonie, et qu'elle demeure “la puissance administrante”. “Nous espérons que le second mandat de M. Zapatero inaugurera une nouvelle ère, que l'Espagne reprenne la position qu'elle a défendue jusqu'en 2003 à l'ONU, à savoir le droit du peuple sahraoui à décider librement de son destin”, a-t-il déclaré. H. Ameyar