Le projet marocain d'« autonomie » n'est pas viable et est déjà mort-né, puisqu'il ne vit que de la légitimation du fait accompli colonial et de ce fait il est nul et non avenu. C'est par ces termes qu'a répliqué hier le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek, à la dernière sortie du ministre marocain de la Communication, Nabil Benabdellah, qui a indiqué que son gouvernement est en train de peaufiner son projet d'« autonomie » du Sahara-Occidental qu'il compte déposer en avril prochain au Conseil de sécurité afin de le faire avaliser par l'ONU. M. Ould Salek a affirmé, lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'ambassade sahraouie à Alger, que le plan marocain « unilatéral » d'autonomie au Sahara-Occidental était « nul et non avenu » et qu'il ne pouvait y avoir de solution politique « en dehors de l'autodétermination ». Selon lui, le Maroc, en proposant unilatéralement ce plan, vient de franchir une étape grave. Il s'agit, selon lui, « non seulement d'une violation de la légalité internationale, mais d'une provocation contre le peuple sahraoui et l'ONU » qui a adopté des dizaines de résolutions appelant toutes à l'exercice du peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination. Le projet d'autonomie marocain, a-t-il estimé, « est un acte unilatéral », car, a-t-il expliqué, « ni l'Assemblée générale des Nations unies, ni son Conseil de sécurité, ni son secrétaire général n'ont demandé aux deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, de faire de nouvelles propositions ». « Nous sommes pour la légalité internationale qui affirme que le peuple sahraoui a le droit de décider de son avenir », a-t-il souligné, affirmant que le Front Polisario « ne renoncera jamais à ce droit ». « Que le Maroc ait l'intention de faire une proposition, de faire beaucoup de publicité, cela n'y changera rien. Il bluffe et ne fait que perdre du temps », a-t-il assuré. Le chef de la diplomatie sahraouie a affirmé que le peuple sahraoui continuera à « résister et lutter jusqu'à satisfaction de son droit à l'autodétermination ». Il a relevé que « par cette proposition d'autonomie, le Maroc est revenu à la case départ, en 1975, quand il a envahi le Sahara-Occidental ». « A notre sens, il s'agit d'un projet à l'intention de l'opinion publique interne marocaine, puisque depuis 1975 la question sahraouie constitue "l'outil" par lequel le régime féodal marocain détourne l'attention de son opinion publique, à chaque fois qu'il est confronté à un problème interne », a déclaré M. Ould Salek. Il a estimé que « le peuple sahraoui paie les pots cassés de la situation de crise interne au Maroc et le régime marocain, faute de créer un espoir sur ce plan, utilise la question sahraouie pour gagner du temps ». « La crise est utilisée pour détourner le peuple marocain de ses revendications », a-t-il ajouté. Tout en condamnant cette « escalade » marocaine, Ould Salek a lancé un appel urgent au nouveau secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-Moon, et au Conseil de sécurité de l'ONU afin d'exercer des pressions nécessaires sur le Maroc pour lui exiger de se conformer à ses engagements souscrits dans le plan de règlement de 1991 et les accords de Houston de 1997. M. Ould Salek n'a pas écarté la reprise des armes si le Maroc campe toujours sur son intransigeance. La communauté internationale « doit s'activer avant qu'il ne soit trop tard. Personne ne peut arrêter la volonté du peuple sahraoui pour arracher ses droits », a-t-il insisté. Annonçant une rencontre prochaine de haut niveau entre le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, et le secrétaire général de l'Onu, M. Ould Salek a indiqué que M. Ban Ki-Moon « sait bien que le Maroc jouit au Conseil de sécurité d'une complicité claire de la France, qui a fait perdre la chance de la paix à la région du Maghreb, au détriment surtout des peuples marocain et sahraoui ». « Le régime marocain, conforté malheureusement par la France, est seul responsable des conséquences dangereuses que pourrait avoir son projet d'autonomie pour le Sahara-Occidental », a-t-il encore dit. Il a en outre estimé que la prochaine élection présidentielle en France « est une question primordiale », car « le rôle, l'influence et les intérêts de la France au Maghreb sont importants », a-t-il dit. Le diplomate sahraoui a déploré le fait que « la France "chiraquienne" se soit alignée complètement sur l'agresseur marocain », exprimant son souhait que le nouveau président français « comprenne que la stabilité au Maghreb passe par l'exercice du peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination ». Jacques Chirac a en effet qualifié ce lundi de « constructif » le plan marocain sur le Sahara occidental, en recevant à Paris une délégation ministérielle marocaine. C'est en ce sens que le MAE sahraoui a réaffirmé que le droit du peuple sahraoui « n'est pas négociable ». « C'est un droit sacré du peuple sahraoui et il n'appartient à aucune partie de le spolier », a-t-il tranché.