Le président de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, rencontrera prochainement le nouveau secrétaire général des Nations unies, à New York. L'information a été donnée hier par le ministre des Affaires étrangères de la RASD, Salek Ould Salek, au siège de l'ambassade sahraouie à Alger. Il n'est pas à exclure que cette rencontre se tienne après l'envoi, par le Front polisario, d'un mémorandum sur les développements qu'a connus le dossier du dernier territoire africain colonisé, le Sahara occidental. Des développements surtout marqués par “le revirement” du Maroc et son refus depuis 2004 “de tout référendum incluant l'option indépendance”. “Le droit à l'autodétermination et à l'indépendance est un droit sacré du peuple sahraoui. C'est un droit qui n'est pas négociable, et il n'appartient ni au Front Polisario ni au Maroc de le confisquer ou le modifier”, a déclaré le diplomate sahraoui au cours de la conférence de presse. Dans une déclaration préliminaire de 3 pages, M. Ould Salek a rappelé les négociations et les accords conclus, à partir de 1991, entre le royaume alaouite et le Polisario, sous les auspices de l'ONU. À commencer par le plan de règlement complété par la création d'une Mission onusienne pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), qui ont été adoptés à l'unanimité par le Conseil de sécurité. “Les discussions et les négociations sous l'égide des Nations unies ont permis aux deux parties en conflit de trouver des solutions aux problèmes posés et de surmonter les obstacles dressés par le Maroc”, a indiqué le ministre, en se référant aux accords de Houston de 1998, menés avec brio par l'Américain James Baker, en sa qualité d'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU. Pourtant, ce dernier ménagera un Maroc devenu “intransigeant” après la publication, fin 1999, de la liste des votants, par les structures onusiennes. En incluant dans son nouveau plan “des électeurs marocains, déplacés vers les zones sahraouies occupées et résidant dans ces territoires au 31 décembre 1999”, ainsi que “la 3e option d'autonomie aux côtés de celles de l'indépendance et de l'intégration”. Seulement, poursuivra le conférencier, le plan de paix pour un référendum d'autodétermination du peuple du Sahara occidental (ou plan Baker), avalisé en 2003 par le Conseil de sécurité, sera rejeté par Rabat. Pis, “le Maroc vient de franchir une étape très grave en se proposant, unilatéralement, de présenter un plan d'autonomie”, conviendra M. Ould Salek. En prenant à témoin l'opinion publique internationale, ainsi que l'ONU et ses organes de décision sur le fait accompli colonial du Maroc, alors que “le peuple sahraoui est toujours attaché à son droit à l'autodétermination et à l'indépendance”. Pour le ministre de la RASD, “le projet de l'occupant est nul et non avenu, car il viole la légalité internationale”. D'où son appel au nouveau secrétaire général des Nations unies et au Conseil de sécurité pour “faire toute la pression nécessaire sur le Maroc et contraindre ce dernier à honorer ses propres engagements”. “La monarchie féodale du Maroc doit cesser sa politique expansionniste, avant que la situation ne se dégrade dans la région”, a également averti le diplomate, en précisant plus loin : “Aucune manœuvre ne servira à détourner le peuple sahraoui de ses droits fondamentaux, ni à influer sur le fait que la RASD est une réalité irréversible.” Lors du débat, le conférencier a qualifié le projet marocain d'“acte unilatéral”, en estimant toutefois qu'il “est destiné à l'opinion publique marocaine”. Il a en outre jugé que les prochaines élections en France sont “primordiales”, en écorchant au passage, notamment “la France chiraquienne qui s'est alignée totalement sur l'agression et l'attitude marocaines”. “Nous espérons que le candidat qui passera soit à la hauteur des intérêts de la France et des intérêts de la paix”, a-t-il soutenu. Interrogé sur les conséquences de l'occupation illégale de l'ancienne colonie espagnole sur le royaume du Maroc, M. Ould Salek a déclaré : “Plus le Maroc reporte les échéances et l'organisation du référendum, plus la situation du royaume ira vers le pourrissement”, a-t-il expliqué, en se référant à “la dynamique sahraouie”, propre aux guerres d'indépendance, à la rupture du consensus au Maroc sur le Sahara occidental comme résultat “des processus enfantés par le phénomène colonial” et au contexte régional et mondial favorable à la dynamique démocratique et citoyenne. “Aucun pays au monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur notre territoire”, précisera encore le diplomate, non sans insister sur le fait que la question sahraouie est “une question de décolonisation où toute négociation doit s'inscrire dans l'optique de l'application de ce principe”. Puis de conclure : “Toute solution pacifique doit passer par l'exercice du peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination.” H. A.