Suite à la sévère défaite de son camp aux municipales, le président français Nicolas Sarkozy a procédé mardi à un remaniement limité de son gouvernement, tout en assurant qu'il ne dévierait pas de sa route malgré les appels de la gauche à un changement. Cette modification est notamment marquée par la création de six nouveaux secrétariats d'Etat, un chiffre plus important que prévu, mais avec une portée limitée. À l'exception du secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Christian Estrosi, qui a démissionné pour se consacrer à la ville de Nice dont il a été élu maire, aucun ministre n'a quitté le gouvernement du Premier ministre François Fillon. Et les ministres battus aux élections municipales dimanche ont conservé leurs postes, notamment Xavier Darcos (Education), défait à Périgueux. Parmi les nouveaux arrivants, le député de droite Alain Joyandet, cheville ouvrière de l'organisation du parti de droite UMP, remplace comme secrétaire d'Etat à la Coopération et la Francophonie Jean-Marie Bockel. Cet ancien socialiste rallié à Sarkozy passe lui au poste de secrétaire d'Etat aux Anciens combattants. Parmi les autres nominations, une proche du président de la République, Nadine Morano, a été nommée secrétaire d'Etat à la Famille malgré sa nette défaite aux municipales. Un autre socialiste déjà rallié au président, Eric Besson, se voit confier un nouveau portefeuille, celui de “l'économie numérique”. La “société civile” fait également son entrée au gouvernement avec Anne-Marie Idrac, ancienne présidente des chemins de fer, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, et Christian Blanc, ancien PDG d'Air France, nommé secrétaire d'Etat chargé du développement de la Région Capitale Paris et sa proche région. Mais le président Sarkozy n'a pas élargi le gouvernement à de nouvelles personnalités de gauche. Cette politique “d'ouverture”, qu'il a promis de poursuivre, a été critiquée au sein de l'UMP. Dans une première réaction, le Parti socialiste a jugé l'annonce de ce remaniement “bizarre, voire stupéfiante” et “à l'opposé du sens du vote”. “Le message tel qu'il a été exprimé lors des élections municipales ne demandait pas un remaniement technique. Il réclamait des compétences renforcées et une direction nouvelle en matière sociale”, selon le PS. L'opposition de gauche a estimé que la lourde défaite de l'UMP aux municipales constituait un vote sanction contre Sarkozy après dix mois au pouvoir. Mais quelques heures avant l'annonce de ce remaniement, le chef de l'Etat a répété à ceux qui lui intimaient de tirer les leçons du scrutin qu'il ne dévierait pas de sa route. “Ce qui est sûr, c'est que je serai amené à prendre un certain nombre d'initiatives pour continuer les changements qui sont nécessaires à notre pays”, a déclaré le président pendant une visite au plateau des Glières, haut lieu de la Résistance française pendant l'occupation nazie. DJAZIA SAFTA/AGENCES