Les prix du pétrole ne descendront pas sous les 80 dollars le baril durant la période. L'institution financière internationale ne prévoit pas cependant des progrès dans la diversification de l'économie d'ici à cinq ans. Les réformes économiques axées sur le marché conduit par l'Algérie commencent à donner des fruits. La croissance hors hydrocarbures s'accélère, l'emploi augmente et les pressions inflationnistes sont maîtrisées. C'est ce qui ressort du dernier rapport dévaluation du Fonds monétaire international publié lundi. Les conditions macroéconomiques, souligne le rapport, se renforcent et les perspectives à court terme sont favorables. Le FMI prévoit un taux de croissance de 5% en 2008, contre 4,5 en 2007, tirée par les hydrocarbures et par les services, la construction et même l'industrie. “La fin des travaux de maintenance et un rebond probable dans la demande de gaz naturel européenne devraient booster la production d'hydrocarbures”, estime les experts du fonds. Stimulées par une forte flambée des cours du pétrole, les réserves de change ont à présent dépassé les 100 milliards de dollars ; l'excédent du compte courant extérieur atteindra probablement 25% du produit intérieur brut en 2008 contre 23% en 2007. “Pourtant, l'économie reste dépendante sur le secteur des hydrocarbures, la productivité est basse et le chômage reste élevé, particulièrement parmi les jeunes”, souligne le rapport. En matière de prévision, le FMI retient un prix moyen du baril de pétrole de 90,5 dollars en 2008, prévoit de chuter à 83,8 en 2009, et 80,3 en 2012. Sur les bases de ces hypothèses, les recettes d'exportations de l'Algérie devraient enregistrer un bond spectaculaire en 2008 et pourraient à 75,06 milliards de dollars contre 59 milliards dollars 2007. Elles sont estimées à, 71,05 milliards en 2009, 69,42 milliards en 2010, 70,29 en 2012. Les importations devraient elles aussi progresser fortement entre 2008 et 2012. Le FMI estime les exportations pétrolières liquides à 1,7 million de baril jour. Les exportations de gaz naturel sont évaluées à 58 millions de mètres cubes en 2008 et pourraient augmenter à 60 millions de mètres cubes à l'horizon 2012. Les rapatriements de dividendes et autres sont évalués à 5,22 milliards de dollars en 2007. Ils sont estimés à 7,67 milliards de dollars en 2008 et pourraient augmenter à 11,29 milliards en 2012. Les importations devraient, elles aussi, atteindre les 31,67 milliards de dollars en 2008 et continuer de s'accroître pour atteindre près de 46,76 milliards de dollars à l'horizon 2012. Elles pourraient être de 37,74 milliards en 2009, de 41,37 milliards de dollars en 2010 et de 44,62 milliards en 2011. Pour rappel, les importations de l'Algérie étaient encore inférieures à 10 milliards de dollars en 2001. Le FMI prévoit que jusqu'en 2012, en moyenne la part d'hydrocarbures dans les exportations totales seraient de 98,3%. Les réserves de change pourraient atteindre 145,6 milliards de dollars à la fin de l'année, 173,4 milliards en 2009, 197,5 milliards de dollars en 2010, 218,9 milliards de dollars en 2011 et enfin 238,9 milliards de dollars en 2012. Du coup “le défi-clé de l'Algérie est de garantir une croissance hors hydrocarbures forte et durable, pour réduire la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, baisser d'avantage le chômage et améliorer le niveau de vie des Algériens”. C'est que le secteur des hydrocarbures représente la presque moitié du PIB et trois quarts des revenus fiscaux, mais seulement 2% de l'emploi total. Les hydrocarbures sont un secteur capitalistique. Ce n'est pas un secteur pourvoyeur d'emplois. “Le fait de diversifier l'économie est aussi essentiel pour diminuer le risque lié à la volatilité des prix du pétrole”, ajoute les experts du FMI. Le développement de l'activité hors hydrocarbures, selon le FMI, exige une intermédiation financière efficace. Le fonds évoque le programme d'évaluation du secteur financier réalisé en 2007. La mise à jour a relevé des progrès dans la supervision bancaire, l'environnement opérationnel pour l'intermédiation financière et la gouvernance des banques publiques. Le FMI recommande principalement la clarification du rôle de banques publiques et le développement du financement de non bancaire. Le FMI souligne le système bancaire ne pose pas de menace à la stabilité macroéconomique. Certes, des avancées ont été enregistrées dans ce domaine. Cependant, “le secteur a besoin de plus de progrès”, souligne le rapport. L'amélioration de la gouvernance des banques et du contrôle de risques sont des priorités, étant donné la forte croissance du crédit au secteur privé qui ne devrait pas se traduire par des prêts non performants. D'ailleurs, le FMI juge le taux de prêts non performants, estimé 35% à fin 2006 dont 45% pour les prêts au secteur privé, trop élevé au niveau des banques publiques. En matière de fiscalité, le FMI estime que la pression fiscale est plus importante en Algérie que dans d'autres pays. “La forte position fiscale de l'Algérie fournit une opportunité de réviser le système fiscal pour renforcer l'environnement d'affaires sans beaucoup d'inquiétude pour l'impact budgétaire”, suggère le rapport. Meziane Rabhi