Le statut de ce corps ne reflète pas l'importance de sa mission. Avant fin 2003, les facilitations douanières, à travers la généralisation des circuits verts, devront être finalisées au bénéfice de l'économie nationale. Cela est une des conditions sine qua none comprise dans le cadre d'adhésion à l'OMC et de l'accord d'association à l'UE. C'est ce qu'a annoncé, hier, M. Lebib, directeur général des douanes, en marge de la première journée de portes ouvertes sur les douanes, appelées “à un rapprochement normal entre l'institution et le public, opérateurs et particuliers”. En fait, expliquera-t-il, dans le souci de s'inscrire dans les normes internationales, telles que préconisées par l'évaluation établie par la Cnuced, les procédures de dédouanement, auditées, sont appelées à une simplification raccourcie, en termes de délais, et donc de coûts, appelés à la baisse au bénéfice de l'opérateur et de l'économie. La célérité dans le traitement devra concerner la phase allant de l'introduction du dossier de dédouanement jusqu'à la délivrance du bon à enlever de la marchandise, fera remarquer M. Lebib. Aussi, la recommandation du FMI, dont les experts sont actuellement présents en Algérie, suggère que “50% des marchandises importées doivent être inscrites dans le cadre de la facilité introduite par le circuit vert”. Bien entendu, ces marchandises sont supposées être “clean”, c'est-à-dire, loin d'être potentiellement soumises à la tentation de fraude. Il s'agit donc des produits repérables, tels que les intrants et ceux cotés en Bourse, donc hors de portée de toute malversation. À cela s'ajoutent “la moralité et la notoriété de l'entreprise importatrice”, éligible d'office aux couloirs verts, synonyme de facilitation, en ce sens où elle n'est pas soumise au contrôle, bénéficiant ainsi d'une célérité de dédouanement, à dividendes certains, en terme d'économie de surcharge et de frais. C'est par le biais d'un système informatique généralisé que ce mécanisme ouvrira cet avantage économique, appelé à être généralisé. Les experts du FMI, selon le DG des douanes, se sont félicités du niveau d'informatisation de cette institution et se penchent actuellement sur l'amélioration de ce rendement. Mais qu'en est-il de la lutte contre la fraude ? “Celle-ci est historiquement et naturellement une des missions des douanes dans le sens de la protection de l'économie”, dira notre interlocuteur évoquant l'autre aspect non moins important consacrant le régime d'accompagnement des facilitations. Cela pose aussi la problématique de l'incompatibilité des moyens mis à la disposition de cette institution face à l'étendue de l'ouverture de notre commerce extérieur, au plan géographique et au niveau du flux. Ce qui, selon le DG des douanes, nécessite de mettre en œuvre une interconnexion informatique entre tous les maillons de cette chaîne, dans le cadre d'une action d'ensemble concertée et harmonieuse afin de surpasser l'arsenal de fraude des pseudo-opérateurs. D'ailleurs, dira-t-il “le gouvernement est en train de prendre en charge tous ces aspects”. Il rappelera que ses services ont constaté que la revente en l'état, représentant 10% du volume import, représente le plus grand courant de fraude. Et à ce titre, les fraudeurs tentent d'user de diverses techniques pour éviter leur retraçabilité. “Entre 3 et 4 containers sur les 300 à 400 par jour, sur le seul port d'Alger, sont potentiellement à risques”, relèvera-t-il, rappelant que l'enceinte portuaire d'Alger représente un volume très important à l'import. Aussi, préconise-t-il, vraisemblablement en vue de pallier l'insuffisance manifeste des moyens matériels alloués et disproportionnés par rapport à la mission, qui est la sienne, de revoir le schéma d'organisation des services en fonction de la donne liée au libéralisme économique. Enfin, M. Lebib s'insurge contre le fait que “les douaniers sont très mal payés”, criant qu'ils doivent être bien rémunérés. Le message semble clair pour signifier que le douanier est statutairement vulnérable et que sa mission exige un SMIG de protection, afin de le soustraire à la tentation. Sur ce point, le DG des douanes, est-il utile de le rappeler, rejoint ainsi la revendication des syndicats des douanes qui ont déjà déposé leur préavis de grève pour les 29 et 30 de ce mois au niveau du port d'Alger. A. W.