Il sera créé très prochainement l'agence nationale du médicament chargée de l'enregistrement et du contrôle des produits importés. “Réalités et perspectives des médicaments génériques en Algérie”, tel a été le thème des IIIes rencontres scientifiques du département de pharmacie de la faculté de médecine d'Oran, qui se sont tenues hier au niveau de l'EHU du 1er-Novembre. D'emblée, à l'ouverture des travaux, se sont posées la question sur la part du générique dans notre pays et celles liées au coût et à leur efficacité thérapeutique. Il s'est trouvé que le représentant du ministère de la Santé, M. Smati, a avancé qu'“en 2008, nous espérons que les médicaments génériques représenteront 45% du total des médicaments importés, et dans l'avenir d'arriver à 70%. Ce qui réduira d'autant la facture d'importation puisque les génériques sont de 30% moins chers que les princeps”. Un objectif qui laisse sceptiques bien des participants à la rencontre tant les enjeux économiques entre les grands laboratoires mondiaux qui ont la mainmise sur le marché mondial et les pays émergents sont énormes. L'intervenant d'ailleurs poursuivra sur cet aspect de coût en suggérant que l'Algérie, pour produire des génériques, soit 98% de la production nationale, “se devait de se tourner vers des pays asiatiques pour acheter la matière première comme le font d'ailleurs 80% des multinationales pharmaceutiques”. Abordant toujours la situation du marché du médicament dans notre pays, M. Smati, pour montrer l'ampleur des enjeux financiers, dira que “340 laboratoires mondiaux vendent leurs produits en Algérie et que chaque année une vingtaine de plus est enregistrée”, d'où la réaction de certains participants s'interrogeant sur la politique de soutien à l'émergence d'une production nationale et de la recherche. Quant à savoir si le système national de contrôle des médicaments est efficace, le même intervenant évoquera le cas d'un lot de médicaments du laboratoire BHS qui fut jugé impropre et rejeté. Pour sa part, M. Mansouri, directeur général du Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques, abondera dans ce sens en expliquant que “les médicaments non conformes ne représentent chaque année que 0,02% sur un total de 20 000 lots”. Du moins ceux empruntant les circuits officiels. Pour ce qui est de la bioéquivalence qui avait suscité une polémique sur sa généralisation dans le contrôle des médicaments, l'orateur nous a déclaré que “l'OMS avait établi une liste ouverte de médicaments pour lesquels il faut une bioéquivalence et pour cela il faut un centre d'expertise”. À noter justement que très prochainement sera créée l'agence nationale du médicament qui sera chargée de l'enregistrement et du contrôle des médicaments importés. Le professeur Mesbah, de la faculté de médecine d'Alger, présentera une communication sur “l'accès aux médicaments et la mondialisation” en montrant que les médicaments sont un bien essentiel (et non une notion de marchandises). L'avènement du générique a permis, après d'âpres luttes ô combien importantes, un accès plus grand aux médicaments, notamment dans les pays pauvres et de citer justement l'exemple de la trithérapie pour le traitement du VIH sida. Son coût était de 10 000 dollars et le jeu de la concurrence, grâce à des pays comme le Brésil et l'Inde, a permis en 2007 de ramener ce prix à 100 dollars”. Et d'ajouter qu'en ”Algérie la part des princeps était toujours élevée, soit 70%”. D'autres aspects sur “la stabilité des médicaments génériques”, “l'efficacité des médicaments génériques”, etc. seront encore abordés lors de cette journée scientifique. F. BOUMEDIÈNE