Ne pas soulager un malade qui souffre est désormais considéré comme une faute professionnelle. La médecine telle que conçue par les anciennes écoles n'est plus d'actualité de nos jours et, contrairement aux idées archaïques, les méthodes thérapeutiques douloureuses ne sont pas les plus efficaces. La médecine moderne s'attelle toujours au diagnostic et au traitement des maladies, mais cela se fait désormais dans le confort et, autant que possible, sans douleur. Cette dernière est d'ailleurs considérée comme une maladie à part entière et des médecins se sont spécialisés pour sa prise en charge. Il n'est plus admis qu'un patient puisse souffrir pour quelque raison que ce soit. Les médicaments existent pour cela, il reste à convaincre les médecins à se convertir à cette nouvelle philosophie. C'est dans les services de cancérologie qu'est apparue la prise de conscience quant au traitement aussi de la douleur. Bien avant la découverte des drogues de chimiothérapie et des équipements de radiothérapie, les médecins puisaient dans la pharmacopée existante pour soulager la douleur à l'aide de dérivés morphiniques. Si dans les services hospitaliers les médecins arrivent tant bien que mal à accomplir leur mission, ce n'est plus le cas dans la médecine de ville. “Dans les services hospitalier nous parvenons grâce à des organisations complexes à nous acquitter de notre tâche. Nous trouvons par contre des difficultés à l'évaluer pour ajuster le schéma thérapeutique le plus approprié”, affirme le professeur Grienne, chef de service anti-douleur au Centre Pierre-et-Marie-Curie d'Alger, en marge des travaux du 4e Congrès de lutte contre la douleur qui se sont tenus jeudi et vendredi derniers à l'hôtel El-Aurassi à Alger. Le problème se pose pour les malades non hospitalisés, car cette fois les lois qui régissent la prescription des produits y afférents, sont des plus rigoureuses. L'ordonnancier destiné à la prescription des dérivés morphiniques est spécial, car il comporte des souches. Les médecins privés ne les commandent pas pour parer à toute mauvaise surprise, comme les agressions des toxicomanes. Ce sont ces mêmes raisons qui poussent les pharmaciens à ne pas commercialiser ces mêmes dérivés morphiniques, ce qui met les malades dans des situations peu enviables. Pour pouvoir se procurer leurs médicaments, ces patients souvent grabataires doivent parfois faire des centaines de kilomètres pour avoir une ordonnance en milieu hospitalier, avant que leurs enfants ou parents n'entament un autre parcours du combattant pour trouver, cette fois, une pharmacie commercialisant ces dérivés morphiniques. Les participants aux 4e Congrès de lutte contre la douleur espèrent une souplesse des lois pour soulager vraiment les malades et surtout les cancéreux. Pour cela, ils proposent la formation des médecins généralistes à la prise en charge de la douleur pour, notamment, suivre les cancéreux en phase de rémission après leur sortie d'hôpital. SaId Ibrahim