La première à être condamnée par les membres de l'Organisation nationale pour la réinsertion des détenus est sans aucun doute l'autorité, représentée par les élus locaux, qui néglige toute forme de dialogue qui la rapprocherait de ces personnes. L'insertion des détenus a été dernièrement au centre de la rencontre régionale qui a regroupé dix wilayas. Les représentants des établissements pénitentiaires, de la justice, des services de sécurité, des affaire religieuses et des psychologues, se disent très bien au fait de la situation et que leurs institutions cernent très bien le problème. Cependant, l'avis des ex-détenus et celui des familles des actuels prisonniers est tout à fait autre. La colère se lisait clairement dans leurs regards au moment où ils nous ont lancé : “Quelle intégration ?” Un détenu, B. Samir, originaire de Guelma, qui a purgé une peine de 14 ans, écopée à 20 ans, à l'établissement pénitentiaire de Tazoult (Lambèse) à Batna, a profité, durant sa détention, pour préparer et obtenir le baccalauréat. Actuellement, à 41 ans et titulaire d'un DEA, il est en troisième année de droit. Il se dit déçu surtout du comportement de l'administration qui été la première à le rejeter. “J'ai réussi un examen de greffier, oral et écrit, mais je n'été pas admis au poste à cause de mon casier judiciaire”, dira-t-il. Le retour dans la société pour cette catégorie est en effet un véritable dilemme. La première à être condamnée par les membres de l'Organisation nationale pour la réinsertion des détenus est sans aucun doute l'autorité, représentée par les élus locaux, qui néglige toute forme de dialogue qui la rapprocherait de ces personnes, dont une grande partie sont des jeunes. “La preuve, c'est que durant les journées d'études et les rencontres, on invite les P/APC, mais généralement ils ne se présentent pas.” D'autre part, on fustige au sein de l'organisation l'absence du ministère délégué chargé de la famille et de la condition féminine, qu'on juge carrément loin de la famille algérienne, ou du moins de certaines catégories. Une grande partie des délinquants sont issus de milieux défavorisés. Le manque et le besoin sont les premiers moteurs de tous les maux. Alors, en plus d'avoir un parent ou un enfant emprisonné, la famille se trouve dans la nécessité de lui assurer el quofa (le panier), un véritable souci. “Il faut savoir qu'elle ne coûte pas moins de 2 000 DA. C'est une charge que beaucoup ne peuvent assurer”, témoigne la mère d'un détenu à la prison de Beber à Khenchela. “Une aide à ces familles est plus que nécessaire, il ne faut surtout pas les pénaliser par la faute de l'un des leurs”, lancera une autre. Et pour que le malheur de ces familles ne perdure pas, surtout après la sortie de prison de leur proche, il faut que ce dernier soit intégré dans un travail. “C'est une autre forme de combat contre tout type de crimes. Sachant que plus de 55% des détenus actuels ont récidivé.” La solution, selon le président de l'organisation, Amar Hamdini, est l'implication de chacun dans les soucis de la société. La politique pénale est parfaitement adaptée aux orientations de l'organisation qui voit dans “la punition un moyen de protéger la société”, d'après un juge d'instruction, près la cour de Batna, qui ajoute que “la peine n'est qu'un moyen de développement des capacités intellectuelles et morales des détenus, cela par le biais de la formation, études et pratique sportive” mais qui ne trouvent pas l'écho souhaité une fois le concerné à l'extérieur. F. Lamia