Le centre de presse d'El Moudjahid a consacré la matinée d'hier au débat autour du dossier de l'emploi et du chômage en Algérie, un dossier qui, en raison de l'absence des experts (économistes et sociologues) programmés, a été axé le plus sur le constat au niveau des franges juvéniles de la société. Dans son intervention, le président de l'Association algérienne de solidarité avec les jeunes (AASJ) a tenté de montrer les conséquences négatives de l'oisiveté de la jeunesse, voire sa vulnérabilité dans une situation de non-emploi. “La société algérienne est en régression à cause du chômage”, a-t-il déclaré, après avoir insisté sur le lien existant entre le chômage et les fléaux sociaux, tels que la drogue, l'autodestruction et la criminalité. L'intervenant a également soutenu que l'oisiveté, qui touche à présent des universitaires, a enfanté des émeutes et un grand malaise dans les rangs des sans-emploi, malgré “les promesses faites par les gouvernements qui se sont succédé sur la relance économique”. “Le chômage est, pour nous, un phénomène négatif. Et nous sommes conscients qu'il ne peut y avoir de création d'emplois sans investissements ni dynamique économique”, a-t-il encore indiqué, en interpellant l'Etat sur ce “problème national”. Pour le responsable de l'AASJ, il y a “urgence” aujourd'hui à ouvrir “un débat national sur ce phénomène”. De son côté, l'avocate Karima Guermache, également députée, a relevé que la jeunesse dans notre pays représente “la première force sociale” qui devrait être considérée comme “la lumière et le capital d'une nation”. “Le travail est un devoir et surtout un honneur. En excluant les jeunes du travail, on touche à leur honneur. Ces jeunes mettent alors leur vie en péril, ils vivent un phénomène suicidaire”, a-t-elle soutenu, en faisant référence aux jeunes harragas. Faisant écho à la proposition du représentant de l'AASJ, Me Guermache a plaidé pour “une halte” pour “débattre du dossier de la jeunesse, faire une évaluation sans complaisance et faire une autocritique”. De son avis, la situation d'“impasse” vécue par nos jeunes est le résultat de plusieurs facteurs, dont “l'échec scolaire, l'absence d'insertion dans le monde du travail et l'exode rural pour rechercher un emploi”. “Nos jeunes sont devenus une proie facile des crimes organisés, de la prostitution, de l'immigration clandestine…”, a souligné l'avocate. Cette dernière a déploré l'inexistence d'un “dispositif d'informations pour connaître le taux réel des chômeurs”, une situation qu'elle a qualifiée d'anormale à l'heure de la mondialisation et au moment où “l'information est nécessaire pour l'Etat dans sa mission de régulation et pour les entreprises qui ont besoin de s'adapter et de se positionner sur le marché de la concurrence”. Me Karima Guermache n'a pas hésité à égratigner au passage le secteur de la formation professionnelle, estimant qu'il n'y a pas “d'adéquation” entre les besoins des différents secteurs d'activité et la formation professionnelle. Un constat reconnu par Akli Ahmami, inspecteur à la formation professionnelle. Mais celui-ci s'est, cependant, défendu, en rappelant que “c'est l'entreprise qui crée l'emploi et les richesses” et que “l'importance doit être donnée aux entreprises, notamment les PME/PMI”. M. Ahmami a en outre abordé “les efforts” fournis par son secteur, pour “réhabiliter et valoriser” les métiers de l'artisanat, développer “les métiers de l'économie nouvelle ou de la société de l'information”. Sans oublier de rappeler l'actualisation récente de la nomenclature de la formation qui, selon lui, comprend 300 spécialités (dont 80 réservées aux jeunes ayant un niveau d'instruction faible) réparties sur 20 branches professionnelles, ainsi que la mise en place d'un “partenariat” avec les entreprises et ministères, incluant différentes clauses, y compris celle de “l'insertion professionnelle” des apprentis. H. Ameyar