Le général de Gaulle doit se retourner dans sa tombe. Nicolas Sarkozy a franchi le pas : la France retourne au bercail de l'Otan. Le président français, qui n'arrêtait pas de se prévaloir de l'héritage du plus souverainiste de ses prédécesseurs, a participé en grande pompe au sommet de Bucarest où il a même eu droit à de chaleureux éloges du président américain. George Bush quittera la Maison-Blanche au moins avec la satisfaction d'être venu à bout de l'Union européenne où la France maintenait le cap d'une certaine indépendance vis-à-vis de l'Atlantisme. Avec Sarkozy, l'originalité de la France a volé en éclats. Le pays de de Gaulle s'est couché aux pieds de l'Amérique. À Bucarest, le chef de l'Etat français a dévoilé son “grand projet” consistant à rapprocher encore la France de l'Otan, une Alliance dont la France, après avoir été l'un de ses membres fondateurs, en avril 1949, avait claqué la porte du commandement militaire intégré en 1966. À l'initiative d'un de Gaulle animé par “la grandeur” de son pays et révolté par la vision unipolaire des Etats-Unis. Sarkozy ne se contente pas d'un simple retour au sein de l'Otan. Il veut refaire de toute l'Europe le cœur du dispositif atlantiste, bien plus que le Canada, l'Australie et la Turquie. Sa priorité de renforcer l'Europe de la défense va de pair avec le renouveau de l'Otan envisagé par les Etats-Unis qui se sont rendus compte qu'ils ne pouvaient supporter en solo et les dépenses et ses opérations militaires dans le monde. Sarkozy, sur ce point, n'aura fait que rejoindre les Polonais, les Tchèques ou les Britanniques. Une idée qui a reçu tous les encouragements de Bush. Pour marquer son allégeance, la France va se redéployer en Afghanistan pour en être le pivot juste après les Etats-Unis. Le président américain l'a encensé pour la lettre qu'il a envoyée fin février à ses pairs européens et dont l'essentiel se résume dans cette phrase : “La crédibilité de l'Alliance et sa capacité à intervenir sur des théâtres extérieurs se jouent en Afghanistan.” Paradoxe, tandis que le président français se démène pour l'Alliance atlantique, la Grande-Bretagne fait montre de prudence. Gordon Brown s'est révélé moins atlantiste que son prédécesseur Tony Blair. Tandis que l'Allemagne n'hésite pas à afficher ses désaccords, traînant la patte pour de nouveaux engagements dans ce pays qui a donné naissance à El-Qaïda. Sarkozy, disent de lui ses détracteurs, a pris la place de Blair. D. B.