Il faut plus que de l'imagination pour réactiver le mouvement. Le chef de l'Etat vient d'annoncer la couleur. Lors du dernier Conseil des ministres, il a demandé l'accélération des réformes. Ce qui signifie que le gouvernement Ouyahia ne sera pas chargé de gérer les affaires courantes. Il a pour mandat de faire avancer, au plan économique surtout, les dossiers privatisation, réforme bancaire, poursuite de la libéralisation des télécommunications. Les deux derniers dossiers ne posent pas problème. Les changements dans les banques sur le plan logistique pourraient intervenir rapidement. Il en va autrement de l'ouverture du capital ou des jumelages. Ouyahia devra gérer, de surcroît, la vente de la licence GSM à un troisième opérateur, prévue en janvier 2004. La crédibilité de l'Algérie est en jeu. Une attribution irrégulière de la licence donnerait un signal négatif aux investisseurs internationaux. Mais le défi le plus important consiste à relancer les privatisations, en panne depuis 1997. La position de l'UGTA n'étant pas encore connue, il serait hasardeux d'avancer un pronostic. Tout dépendra de nouveau de la concertation entre le Chef du gouvernement et la Centrale syndicale. Et de la qualité du dialogue au sein des entreprises privatisées. Comme les approches sont radicalement différentes, il faudra beaucoup d'imagination pour transcender les divergences. A moins que l'UGTA préfère camper sur une position dogmatique. Dans ce cas, l'on s'achemine vers la prolongation du statu quo dont la conséquence est un prix social plus lourd à payer. Mais quelles leçons retient-on de la gestion Ouyahia des privatisations ? Il a politisé les transferts de propriété. En d'autres termes, il a mené une privatisation politique, avaient observé à l'époque des experts. Comment ? En privilégiant la vente des entreprises dissoutes aux salariés. Bien que cette technique mérite d'être retenue parmi les différentes formules de cession, elle ne peut constituer le cœur des opérations, d'autant que la législation prévoit la vente d'une partie des actions de l'entreprise privatisée aux salariés. Ces sociétés de salariés, bien qu'elles aient maintenu des milliers d'emplois, ont été livrées à elles-mêmes. Il faut également reconnaître que le contexte politique de l'époque ne constituait pas un terreau favorable à l'accélération des opérations. Mais en fermant les grandes surfaces dans des zones sécurisées, en dépit d'options d'achats émanant de grandes firmes de distribution, la décision d'Ouyahia a représenté un véritable gaspillage des deniers publics. Aujourd'hui, le climat des affaires ouvre les portes au mea-culpa et aux leçons des précédentes expériences, d'autant que l'Algérie a des success stories appelées Ispat et Henkel. Une démarche progressive, respectueuse des préalables et de la concertation non byzantine avec les partenaires sociaux, pourrait faire avancer le dossier. A l'inverse, le grand perdant, dans cette affaire, sera surtout le secteur public et ses centaines de milliers d'emplois. Les opérateurs privés, à force de rencontrer des difficultés à reprendre les entreprises, pourraient y renoncer définitivement. Ils s'occuperaient à lancer une nouvelle économie, à travers la réalisation de nouveaux projets. N. R.