Avec la nomination de Ouyahia à la tête du gouvernement, on peut s'interroger sur l'avenir à court terme des dossiers les plus brûlants : privatisations, avant-projet de loi sur les hydrocarbures et processus de partenariat. En d'autres termes, s'achemine-t-on vers l'accélération des réformes ? A l'inverse, durant la période qui nous sépare de l'élection présidentielle, le nouveau Chef du gouvernement pourrait avoir pour mission uniquement de gérer les affaires courantes, de manière à ne pas élargir les rangs de la contestation. Mais un bilan négatif en matière de réformes économiques risque de valoir au chef de l'Etat un échec à l'élection présidentielle, d'où une éventuelle volonté d'obtenir des résultats rapides. En attendant la nomination du nouveau gouvernement, voire le programme du prochain Exécutif, un indice, dans ce flou, montre que l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures fera les frais de l'absence de consensus sur le dossier. Benflis vient de confier que le chef de l'Etat est contre le texte. Si on suit l'ex-Chef du gouvernement, la nouvelle réforme sur les hydrocarbures ne sera pas présentée au Parlement avant l'élection présidentielle. Concernant les privatisations, il ne suffit pas de décréter une liste pour que les transferts de propriété se réalisent. Outre l'adhésion du partenaire social, il faut toute une chaîne de compétences pour réussir les opérations. Or, l'Algérie ne dispose ni de cette chaîne de compétences ni d'une coordination parfaite entre les différentes institutions chargées des privatisations. Le nouveau Chef du gouvernement a, cependant, cet avantage d'être efficace. Beaucoup lui reconnaissent d'avoir su accélérer les réformes en période difficile. Mais, n'oublions pas qu'à cette époque, l'Algérie avait le couteau sous la gorge. Et la préoccupation sécuritaire n'encourageait pas la contestation. Aujourd'hui, la situation est tout autre. Ce qu'il faut craindre surtout, c'est l'insuffisante maîtrise des dossiers économiques que partagent et le premier magistrat du pays et le chef de l'Exécutif. Le nouveau locataire semble apprendre vite. Et le président de la République est entouré de brillants conseillers. Mais, tout le monde se souvient de l'incarcération injuste des cadres et le trucage des élections sous Ouyahia, ainsi que des multiples bévues télévisées du Président. Ce qui place la population dans l'expectative. La nomination d'Ouyahia contribuera-t-elle à faire avancer les dossiers économiques “chauds”, liés à la redynamisation de la création d'emplois ? Ressuscitera-t-elle les vieux démons de la hogra, du bourrage des urnes, de l'autosatisfecit et des pratiques éculées du parti unique ? Les premiers débuts de réponse seront sans doute connus avec la nomination imminente du nouveau gouvernement. N. R.