Après avoir échoué une première fois devant le Congrès des députés, le dirigeant socialiste a été réélu pour un second mandat de quatre ans avec le seul appui des députés du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Zapatero a obtenu la confiance des 169 députés socialistes. Les 154 conservateurs du Parti populaire ont voté contre, tandis que la plupart des partis nationalistes, en particulier basques et catalans, se sont abstenus. Il lui manque 7 voix pour gouverner à l'aise. “Ce n'est pas une majorité suffisante. Mais je chercherai toujours le soutien des autres groupes” lors de la législature, a déclaré vendredi Zapatero après le vote des parlementaires. Celui-ci devait prêter serment hier devant le roi Juan Carlos, avant d'annoncer la composition de son gouvernement. Les principaux poids lourds de son équipe sortante ont été reconduits, notamment Pedro Solbes à l'Economie et Miguel Angel Moratinos aux Affaires étrangères. Ainsi, son nouveau gouvernement, dévoilé hier, comprend davantage de femmes que d'hommes pour la première fois en Espagne, avec une femme au ministère de la Défense. Carme Chacon, étoile montante du Parti socialiste en Catalogne, est devenue à seulement 37 ans la première femme ministre de la Défense de l'histoire de l'Espagne. Elle fait partie des neuf femmes, contre huit hommes, composant le gouvernement annoncé, hier, par M. Zapatero, après sa prestation de serment devant le roi Juan Carlos. Ce gouvernement, marquant une certaine continuité, voit l'arrivée de cinq nouveaux ministres et le départ de quatre titulaires de l'équipe sortante, dont le ministre du Travail et des Affaires sociales Jesus Caldera, pourtant proche de M. Zapatero. Parmi les nouveautés figurent un ministère de l'Egalité, attribué l'Andalouse Bibiana Aido, 31 ans, et un ministère des Sciences et de l'Innovation, qu'occupera la Basque Cristina Garmendia, 45 ans. Mais, le dernier socialiste au pouvoir en Europe devra faire preuve de beaucoup d'imagination pour maintenir comme il le promet, l'Espagne, “en constante croissance économique et dotée de robustes politiques sociales”. Comment va-t-il arrêter le brusque ralentissement économique que connaît l'Espagne après une décennie de croissance exceptionnelle ? Le dialogue social ! Zapatero a annoncé l'organisation d'urgence de discussions entre syndicats et patronat pour tenter de nouer un nouveau pacte social permettant de renforcer la compétitivité de l'économie, dont celle du marché du travail. Il a également réitéré son offre de pacte avec la droite sur certains sujets essentiels comme la lutte antiterroriste, pour en finir avec l'ETA, l'organisation indépendantiste basque armée. Le chef des conservateurs Mariano Rajoy, qui s'était farouchement opposée à la négociation, finalement manquée, entre le pouvoir socialiste et l'ETA en 2006, s'y est déclaré favorable. Zapatero peut souffler encore grâce aux excédents budgétaires accumulés ces dernières années. Mais après ? D'autant qu'il a affirmé ne pas arrêter sa politique sociale. “Au contraire, nous continuerons de les étendre”, a-t-il affirmé, en plaçant parmi ses priorités les chômeurs, les retraités, leurs pensions seront à nouveau augmentées, les handicapés, les bas salaires, le salaire minimum sera porté à 800 euros, et les victimes de violence. Pour soutenir le secteur du bâtiment, la mise en œuvre du programme de travaux publics sera accélérée, des mesures fiscales favoriseront la rénovation des logements et permettront l'allongement de la durée de remboursement d'emprunts immobiliers pour les familles les plus en difficulté. D. Bouatta