Après deux ans d'impatience, Berlusconi, qui règne à 71 ans sur les médias de la Péninsule et dirige l'alliance de droite du Peuple de la liberté, pense tenir sa revanche. Il se dit confiant de l'emporter aux législatives demain et après-demain. Les sondages lui donnant cinq points d'avance, il insiste, cependant, auprès de ses partisans pour qu'ils se mobilisent afin de lui assurer une majorité au Sénat plus confortable que celle de son prédécesseur et vieux rival Romano Prodi dont la coalition, avec deux sièges de majorité à la chambre haute, n'a pas tenu vingt mois. “Il nous faut une majorité à la chambre et au Sénat”, n'avait cessé de marteler Berlusconi. Son adversaire, Walter Veltroni, de près de vingt ans son cadet, ne s'est pas laissé abuser ni par son rival ni par les sondages. Les 47 millions d'électeurs italiens, n'a pas cessé de souligner l'ancien maire de Rome, ont une longueur d'avance sur la politique, les journaux et les sondages ! “Vous verrez que nous aurons quelques surprises le 13 avril”, a assuré le leader du Parti démocrate qui a eu l'avantage de s'en prendre aux bilans de Berlusconi et aux casseroles et formules désobligeantes de celui qui, par deux fois, a été président du Conseil. “L'Italie est un pays sérieux et n'a pas besoin d'un Premier ministre qui raconte des blagues salaces”, a déclaré Veltroni, rappelant que les années Berlusconi sont des années de stagnations. Le leader de la gauche joue sur l'indécision du tiers de l'électorat qui n'avait pas encore arrêté son choix la veille des élections. Les deux leaders ont par ailleurs courtisé les électeurs du centre, les exhortant à ne pas gaspiller leurs voix pour les petits partis. Berlusconi a rompu avec les démocrates chrétiens, tout comme Veltroni a fait campagne sans les anciens communistes et les Verts. Berlusconi chante victoire à la télévision, mais, en privé, il ne cache pas ses doutes sur les résultats au Sénat notamment, car en Italie, pays de bicaméralisme parfait, les deux chambres ont la même importance. S'il peut dépasser largement les 35 % et arriver en tête à la chambre, pour le Sénat, en revanche, où les primes de majorité sont attribuées région par région, les petites formations exclues de cet agrégat pourraient le priver de sièges précieux. Dans ce cas, Berlusconi devra composer avec la gauche, bien qu'il ait repoussé sèchement l'offre de Veltroni. Avec une victoire plus confortable, c'est avec la Ligue du Nord, son turbulent allié dans les régions septentrionales, qu'il devra compter. Et la formation populiste d'Umberto Bossi négociera au prix fort, notamment sur le fédéralisme fiscal, son appoint électoral. Bossi a déjà pesé sur la campagne en contraignant le très libéral Berlusconi à une surenchère sur “l'italianité” d'Alitalia face à Air France-KLM. D. B.