Les Italiens choisissent aujourd'hui et demain leurs députés et sénateurs. Le nombre considérable des indécis, qui représentent près d'un quart de l'électorat, laisse planer encore le suspense sur le duel que se livre Sylvio Berlusconi et Romano Prodi. Les derniers sondages, interdits depuis la fin mars, donnaient à l'Unione, l'alliance de centre gauche de Romano Prodi, une avance de trois points et demi à cinq points sur la Maison de la liberté, la coalition conduite par Berlusconi. Dans une campagne virulente, les insultes ont fusé de part et d'autre, à tel point que le président de la République, Carlo Azeglio Ciampi, s'est senti obligé d'intervenir le mois dernier pour calmer les esprits. Le président du Conseil sortant s'est présenté comme un martyr, s'est même comparé à Jésus-Christ, accusant pêle-mêle la presse, les magistrats et le patronat de vouloir sa perte. Il a traité les électeurs de centre gauche de “couillons”, son adversaire Prodi, ancien président de la Commission européenne, d'“idiot utile” au service des communistes, et a prédit l'apocalypse en cas de victoire de l'Unione. Berlusconi, qui avait triomphé en 2001 en promettant aux Italiens un miracle économique, s'appuie aujourd'hui sur un bilan contesté par ses adversaires. Pour la première fois depuis 1992, la balance commerciale a été déficitaire en 2004 et 2005. La demande intérieure est restée faible, la productivité a stagné, contrairement à ce qui se passait chez les partenaires européens. Hormis les interprétations divergentes du bilan économique de son quinquennat, Silvio Berlusconi peut mettre en avant la réforme des institutions adoptée en novembre dernier au Parlement et qui sera soumise à référendum dans la deuxième quinzaine de juin. Cette réforme accroît l'autonomie des régions, mais compromet, selon l'opposition, le financement des services publics au niveau local, renforce les pouvoirs du chef du gouvernement et fait du Sénat une chambre fédérale. En politique étrangère, l'engagement militaire en Irak, où sont tombés de nombreux Italiens, a été au centre des débats. En janvier, le gouvernement a annoncé une réduction de moitié, à 1 300 hommes, de son contingent d'ici mai. Le centre gauche a toujours été hostile à la guerre en Irak, comme une majorité de la population italienne. Sur le dossier européen, si Romano Prodi n'a pas laissé un souvenir impérissable à Bruxelles lors de son règne de cinq ans à la tête de la Commission, Berlusconi, lui, y suscite carrément des réactions allergiques — reste à savoir si cela le desservira auprès de l'électorat italien. Quel que soit le verdict des urnes, il est probable que la formation du nouveau gouvernement prendra au moins un mois. D'ici là, le Parlement devra élire un nouveau président de la République. Ensuite, pointeront à l'horizon d'importantes élections locales et le référendum sur la réforme constitutionnelle. Les bureaux de vote seront ouverts aujourd'hui de 8h à 22h, et demain de 7h à 15h. Un sondage Nexus “sortie des urnes” sera diffusé cinq minutes après la fermeture des bureaux de vote, le 10 avril. Avant minuit, l'issue du scrutin devrait être connue. R. I./Agences