«L'Unione» de la gauche gagne la partie, mais «La Casa da la Liberta» conteste les élections. Chaud était l'après-midi du lundi 10 avril 2006, une minute avant la fermeture des bureaux de vote, prévue à 15 heures, sur l'ensemble de la péninsule ; un déferlement assourdissant et grandissant nous parvenait de seconde en seconde des médias lourds et légers que compte l'Italie. Tous les journalistes-spécialistes de la politique politicienne se donnaient à coeur joie à ce jeu sublime de la chasse au vainqueur des deux derniers jours de silence obligatoire, comme le prévoit la loi, depuis samedi minuit jusqu'à lundi 15 h, l'information de la politique était en stand-by. Après deux heures d'écoute à travers les ondes de la radio, journaux «spéciaux» des chaînes de télévision, toutes couleurs politiques confondues, je peux vous assurer que leur nombre n'est pas insignifiant, tous et toutes parvenaient à ce résultat que la gauche en est sortie grandissante et vainqueur de ces élections législatives. Que Romano Prodi de «l'Ulivo» et ses alliés de «L'Unione», dont les trois chefs de file: Piero Fassino, secrétaire général des démocrates de la sinistra (DS), Francesco Rutelli, président de la «Margherita» et Fausto Bertinotti de «Rifondazione Comunista» allaient commencer la fête avec les milliers et milliers de sympathisants qui attendaient le discours de la victoire sur la droite de la «Casa da la liberta» dont l'indiscutable Silvio Berlusconi en est le grand patron. Mais... il ya toujours un mais, dans ces jeux de la politique, dont les machines ne sont jamais bien huilées...Le mais est que les résultats donnés, jusqu'à présent, n'étaient que des prévisions de ces «exit poll», maîtres à penser des sondages à la mode «style made in Italy». La douche est venue en même temps que la pluie, en ces jours incertains de ce mois d'avril, où je me suis souvenu de ce vieux dicton : «Qu'en avril, ne te découvre pas d'un fil.» Tous les «exit poll», qui ont pignon sur rue, à chaque fois appelés à la rescousse par toute la classe politique de droite comme de gauche pour avoir un sondage personnel et personnalisé, étaient mis en déroute par le fait que, cette fois-ci, les Italiens se sont déplacés en masse pour accomplir leur devoir de citoyen. Sur 47 millions d'électeurs inscrits, 83,6% d'entre eux ont mis le bulletin dans l'urne, un succès jamais égalé en ces dernières années de vote. Les législatives de l'année 2001 où Silvio Berlusconi en est sorti vainqueur, le pourcentage des votants était de 81,4%. Disons, qu'en cet après-midi avant-coureur des résultats, une cacophonie sans précédent s'est emparée des deux clans qui se sont confrontés... des sourires de l'un au museau long de l'autre, mais personne n'avait la certitude d'avoir fait main basse sur ces élections 2006. L'incertitude régnait jusque tard dans la nuit, avec toutes ces émissions télévisées de «Porta a Porta» de Bruno Vespa sur RAI 1, une chaîne publique à celle de «Matrix» de Montana sur Canal 5, la télévision préférée de Berlusconi, dont il est le propriétaire avec deux autres importantes chaînes. Les résultats définitifs sont tombés comme un couperet à la nuit tombante, entre les trois heures du matin...grâce au dépouillement de vote des Italiens qui vivent à l'étranger, et qui ont pu donner un peu de souffle à la coalition de la gauche de Romano Prodi, un politicien rodé à la politique à l'italienne, mais mis sous pression par un Silvio Berlusconi, combattant et hargneux, qui n'en finissait pas d'escalader un à un les sièges, soit de la Chambre des députés que celle des sénateurs. Il ne voulait pas lâcher prise avec sa main sur le collet de la coalition de gauche. «Nous avons gagné» annonce très tard dans cette nuit qui n'en finissait pas, le chef de file de «L'Unione», la plus longue de sa carrière de politicien, lui qui a tenu les rênes de la présidence de l'Union européenne durant cinq années. «Nous avons gagné, soit à la chambre des députés qu'à celle du Sénat, après une bagarre dure et houleuse», a lancé le futur président du Conseil de la République italienne à ses sympathisants qui ont affronté avec courage et détermination, une nuit froide et humide. Dire que le vote était vraiment très serré entre les deux parties, une victoire soufferte pour la coalition de la gauche, qui dirigera le pays durant cinq années, une victoire aux points, si on veut dire parce que la différence n'est que de 25 224 voix. Qui dit que l'électeur ne compte pas, se trompe. Silvio Berlusconi et la «Casa da la liberta» ont perdu pour une fraction infime. «L'Unione» et sa coalition ont pris 341 sièges à la Chambre des députés contre 277 et 158 sièges à la Chambre des sénateurs contre 156, grâce aux 4 sièges du Sénat venus des Italiens vivant à l'étranger. Et dire que chaque vote compte. Une voix, un vote est le slogan de toutes les démocraties du monde. Depuis mardi 11 avril dans l'après-midi, lors sa conférence de presse, le président du Conseil sortant n'ayant pas voulu admettre la défaite, conteste jusqu'à aujourd'hui la victoire de Romano Prodi et ses alliés, invoquant le faible écart de voix et de nombreuses irrégularités, lors du vote des Italiens à l'étranger. Il fait publier, ce samedi 15 avril, une lettre en première page dans l'un des plus grands quotidiens du pays Corriere della Sera, dont le titre est : «Non aux épreuves de force, cherchons de nouvelles solutions» - c'est-à-dire entre lui: Silvio Berlusconi et le futur président du Conseil Romano Prodi - où il écrit qu'«il n'y a ni vainqueur ni vaincu. Avec cette importante conséquence (que la gauche, Ndlr) aura des difficultés à gouverner de manière positive et productive le pays». B. f.
