Alors que les relations entre les deux pays se résument à quelques petits investissements koweïtiens en Algérie, le président de la République se rendra dans ce pays à la tête d'une “importante délégation”. Quelles pourraient bien être les raisons de cette visite ? À la veille du déplacement du chef de l'Etat au Qatar, rendu public il y a quelques jours par les services de la présidence de la République, ces mêmes services annoncent que le Président se rendra d'abord au Koweït pour une visite officielle à l'invitation du cheikh Sabah al-Ahmed al-Djaber al-Sabah, émir de l'Etat du Koweït. On ne peut que s'interroger sur les motivations de ce voyage dans un pays avec lequel l'Algérie entretient des rapports tout ce qu'il y a d'ordinaire. En effet, hormis quelques petits investissements koweïtiens touchant les secteurs des télécommunications, du tourisme et des banques, entre Alger et Koweït City, c'est le calme plat. En effet, la société Wataniya Télécom a investi en Algérie en septembre 2004 à travers le réseau Nedjma. L'ouverture d'une filiale de la Banque du Golfe sous le nom d'Algerian Gulf Bank, l'élaboration de projets futurs prometteurs dont celui du tourisme à Aïn Taya au sujet duquel le groupe Koweït Invest Holding a soumis un dossier actuellement à l'étude et la création d'une filiale de la Banque koweïtienne de financement en Algérie font partie des investissements koweïtiens dans notre pays. Par ailleurs, il y a lieu de signaler que le groupe Al-Babitine, présidé par M. Saoud Abdelaziz Al-Babitine, a exprimé le désir d'investir dans le secteur de l'industrie avec le projet d'une usine de construction de voitures à Tiaret, une usine de plâtre blanc dans la wilaya de Laghouat et une compagnie aérienne des lignes intérieures à Alger. Il faut dire qu'après le froid qui a caractérisé les relations algéro-koweïtiennes après la première guerre du Golfe en 1990, parce que les dirigeants de l'émirat reprochaient à l'Algérie ses prises de position populaires favorables à Saddam Hussein, aucune initiative de part ou d'autre n'est venue dégeler la situation. Cette visite d'Abdelaziz Bouteflika, qui est probablement la première du genre, sera l'occasion de dynamiser les relations bilatérales. Au-delà de la traditionnelle formule que le séjour du Président dans l'émirat “s'inscrit dans le cadre de la démarche commune pour le renforcement des relations bilatérales entre l'Algérie et le Koweït dans différents domaines”, il serait plus logique de croire qu'Alger, qui n'a pas cessé de lancer des appels aux investisseurs arabes, cherche à attirer les fonds koweïtiens. La coopération économique et l'examen des opportunités d'investissement et de partenariat entre les deux pays constitueront, à coup sûr, “les dossiers importants”. En effet, en plus de passer en revue différentes questions arabes, régionales et internationales d'intérêt commun, le président Bouteflika discutera vraisemblablement avec l'émir de l'Etat du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmed al-Djabir Assabah, de la manière de faciliter la venue des investisseurs koweïtiens en Algérie, surtout que certains d'entre eux ont manifesté, à l'occasion de forums d'investissements arabes organisés par l'Algérie, leur volonté de renforcer leurs investissements existants et leur disponibilité à prospecter les opportunités d'investissement dans d'autres secteurs, notamment le tourisme, les finances, l'industrie, le transport et l'habitat. Il était peut-être temps de renouer des relations plus solides avec le Koweït, car cela ne sera que bénéfique pour l'économie algérienne, au lieu de laisser cet avantage à nos deux voisins de l'Est et de l'Ouest. K. ABDELKAMEL
