Quel sens donner à ce soutien français, apporté par François Fillon au Maroc, alors qu'il y a à peine quelques mois, lors de la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie, c'est un tout autre discours qui a été développé ? Le discours de la France officielle à l'égard des pays du Maghreb, et plus particulièrement de l'Algérie et du Maroc, reste toujours empreint d'une certaine ambivalence qui rend suspectes toutes ses professions de foi vis-à-vis de l'idée-force d'un Maghreb arabe, fort économiquement et uni politiquement, pour avoir cette vocation de constituer un pilier dans le bassin méditerranéen. Certaines des déclarations du Premier ministre français, François Fillon, en visite au Maroc le 18 avril, créent, en effet, le soupçon sur une volonté délibérée de l'Hexagone, à travers un langage à la carte, mais loin d'être de circonstance, au mieux d'attiser les rivalités entre Algériens et Marocains, au pire d'œuvrer à ce que les deux pays se tournent définitivement le dos. En ce sens, le problème du Sahara occidental, qui empoisonne depuis des décennies les relations algéro-marocaines, et constitue un frein à un développement économique harmonieux, intégré et complémentaire des pays du Maghreb, reste à notre sens un levier que ne dédaignent pas d'actionner les Français à l'occasion, pour maintenir un statu quo tout en donnant l'illusion de vouloir faire avancer les choses. À son arrivée jeudi dernier à Rabat, François Fillon indiquait que la France soutenait les efforts du Maroc pour trouver une solution à la “douloureuse” question du Sahara occidental. Autrement dit, qu'elle soutenait le projet d'autonomie du Sahara occidental, que l'Algérie est accusée par le royaume de vouloir saborder. Quel sens donner à ce soutien français, apporté par François Fillon au Maroc, alors qu'il y a à peine quelques mois, lors de la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie, c'est un tout autre discours qui a été développé ? N'est-ce pas que le président français proposait à l'Algérie de construire, avec la France, l'Union méditerranéenne. “Comme la France offrit jadis à l'Allemagne de construire l'Union de l'Europe, la France est venue aujourd'hui proposer à l'Algérie de bâtir l'Union méditerranéenne”. C'est tout dire. Z. B.