Dans cet entretien, le P-DG de l'Eepad considère que l'annonce par M. Haïchour de la réduction de la connexion de 50% est une preuve de la volonté des pouvoirs publics de démocratiser l'utilisation de l'Internet. Liberté : À combien estimez-vous le taux de pénétration de l'Internet en Algérie ? Nouar Harzallah : Depuis 1998, nous avons réussi une évolution respectable pour atteindre aujourd'hui pas moins de 4 millions d'internautes alors qu'il y a trois ans, nous n'en étions à peine qu'à la moitié. Ça reste tout de même un très faible taux comme estimé par les spécialistes. Comment expliquez-vous cette situation ? Il faut tenir compte du processus d'évolution de l'utilisation de l'Internet en Algérie. Il fallait d'abord régler le problème de l'infrastructure et du réseau comme il fallait équiper les centres d'Algérie Télécom en équipement ADSL pour garantir ensuite la capacité d'une couverture nationale et croyez-moi ce n'est pas une mince affaire. Il a été question un peu plus tard de raccorder les 1 541 communes à Internet haut débit. Cela assurera inéluctablement une évolution vertigineuse du nombre d'internautes d'ici à la fin de l'année. Reste juste le développement du filaire (lignes fixes) et d'autres modes. Vous avez pris part à l'opération Ousratic depuis son lancement en tant que fournisseur d'accès Internet ADSL et aussi en tant qu'assembleur des micros portables. Pourquoi cette opération n'a pas rencontré le succès qui lui était prédestiné ? Nous avons en effet adhéré à cette opération depuis son lancement après l'annonce officielle faite par le président de la République lors du Sommet mondial sur la Société de l'Information qui s'est tenu en Tunisie tant nous croyons aux bienfaits de l'initiative dans l'intérêt de la société et de notre économie. Nous avons donc commencé par sensibiliser les familles algériennes à s'équiper mais malheureusement le bémol se situait au niveau des banques. Il y a eu des lenteurs concernant les institutions financières pour s'adapter (problème d'assurance), ce qui a suscité des réserves quant au financement des ordinateurs. Ce qui met hors de cause les opérateurs qui n'ont pas de lien quant aux frais de traitement de dossier ou encore le taux d'intérêt bancaire. Mais depuis, l'opération a fait son chemin et avec l'annonce de la baisse de la TVA et la bonification du taux d'intérêt, Ousratic connaîtra obligatoirement un saut qualitatif. Fidèle à sa vocation initiale qu'est l'enseignement à distance, l'Eepad continue à contribuer activement à l'enrichissement du contenu. Pensez-vous que c'est là l'un des meilleurs moyens d'inciter les ménages de se doter de cet outil ? Et que proposez-vous de nouveau ? Vous remarquerez que j'axe énormément sur le développement des valeurs ajoutées qui ont toujours constitué la devise de l'Eepad. L'opération Ousratic, à mon avis, n'a de sens que si l'on comprend qu'elle ne se limite pas à l'acquisition d'un PC et l'accès à l'ADSL mais plutôt trouver et inculquer le bon usage de cette technologie. Raison pour laquelle nous avons lancé cette industrie du contenu en choisissant l'école et cette plate-forme de télé-enseignement de bout en bout (école numérique) qui signifie la mise en relation entre l'élève, l'enseignant, le parent et l'administration. Acquérir un micro doit signifier se former, chercher des cours, permettre aux parents de superviser la scolarité de leurs enfants, et la liste ne peut que s'allonger avec la consommation de l'information locale. Pensez-vous que les pouvoirs publics jouent pleinement leur rôle dans la promotion de l'utilisation des nouvelles technologies et la réduction ainsi de la fracture numérique ? L'annonce du ministre concernant la réduction de la connexion de 50% est à mon avis la preuve de la volonté des pouvoirs publics de démocratiser l'utilisation de cet outil. Autre signal fort, c'est ce partenariat public-privé à l'exemple de l'opération Ousratic et aujourd'hui le parrainage du ministère de l'Education nationale pour pareille manifestation. La volonté politique est présente et fortement, reste le plus dur qui consiste à développer le contenu local en encourageant les jeunes et les compétences algériennes. Il faut aussi une plus grande participation du privé qui ne devrait pas avoir d'appréhension d'investir dans pareils domaines et jouer son rôle aussi d'entreprise citoyenne. Entretien réalisé par N. S.