D'une mésaventure à une autre, il sera très difficile pour le chef islamiste d'entrevoir un retour sur la scène politique. Abdallah Djaballah est aujourd'hui un homme seul. Mis en difficulté par ses propres compagnons de combat, celui qui a pu s'imposer il y a quelques années comme un des leaders de la mouvance islamiste se retrouve dans une position, osons-nous dire, de “sans parti fixe”, allusion au fait qu'à chaque aventure politique, il finit par se faire exclure par ses compères. Dans la bataille qui l'oppose à ceux-là mêmes avec lesquels il avait fondé El-Islah, après avoir perdu Ennahda, Djaballah vient de perdre ses dernières illusions, puisque le Conseil d'Etat l'aurait débouté en donnant gain de cause à Mohamed Boulahia et ses fidèles. La décision de cette instance est irrévocable puisque sans appel. En rendant un tel verdict, le Conseil d'Etat vient de signifier la mort politique de Abdallah Djaballah. Ce dernier, sentant il y a quelques semaines déjà la tempête venir, avait affirmé publiquement que s'il ne réussissait pas à reprendre le contrôle d'El-Islah, il quitterait la scène politique pour se consacrer à l'écriture. Il est vrai qu'après de telles mésaventures, où il a eu à faire à une succession de “trahisons” de la part de ses compagnons de lutte, il sera très difficile pour le chef islamiste d'entrevoir un retour sur la scène politique. Il n'oubliera certainement pas de sitôt cette estocade de son ami de toujours Lahbib Adami qui, en 1998, avait conduit contre lui un mouvement de contestation pour finir par l'éjecter carrément d'un parti qu'ils avaient créé ensemble en 1989, à la suite de l'ouverture démocratique. Mais, à peine s'il a eu le temps de se remettre de cette épreuve, que Djaballah fait face, une nouvelle fois, à une opposition venant de l'intérieur même de la formation qu'il avait mise en place avec les quelques militants qui lui étaient restés fidèles. Mohamed Boulahia et Djahid Younsi mènent la cadence poussant Djaballah à réclamer l'intervention de la justice. Pourtant, les “redresseurs” n'ont pas attendu le traitement de la question pour organiser, au nom du parti, un congrès qui creuse, une bonne fois pour toute, le profond fossé qui sépare déjà les deux parties et récupérer, sous la bénédiction du ministère de l'Intérieur, le parti. Les différentes instances judiciaires, qui ont eu à traiter l'affaire, donnent gain de cause aux adversaires de Djaballah, comme cela a été le cas il y a environ une année, lorsque la chambre administrative près la cour d'Alger rendait un jugement en leur faveur. Toutefois, le leader intégriste pouvait espérer renverser la vapeur en décidant de faire appel du jugement auprès du Conseil d'Etat. Celui-ci, sans surprise, aurait confirmé le verdict de la cour d'Alger qui renvoie Abdallah Djaballah dans ses petits souliers. H. S.