Le tribunal correctionnel de Gdyel a prononcé, hier en fin d'après-midi, son verdict à l'encontre de 29 prévenus arrêtés mardi dernier lors des émeutes qui ont secoué cette localité à mi-chemin entre Oran et Arzew. Ainsi, 11 prévenus, qui comparaissaient pour les chefs d'inculpation d'attroupement non armé et détérioration de biens d'autrui, ont bénéficié de la relaxe, quatre autres prévenus, jugés pour les mêmes chefs d'inculpation, ont été condamnés à six mois de prison ferme assortie d'une amende de 5 000 DA et cinq détenus jugés pour la même affaire ont été condamnés à trois mois de prison ferme assortie d'une amende de 5 000 DA. Leurs neuf codétenus ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis assortie d'une amende de 5 000 DA. 13 prévenus mineurs, inculpés dans le même cadre, seront vraisemblablement auditionnés par le juge des mineurs en début de la semaine prochaine. Sept autres prévenus, dont l'affaire est au stade d'instruction, ont été inculpés d'incendie volontaire et sont passibles du tribunal criminel. Dans la petite salle du tribunal, aucun signe de joie ni de tristesse n'a été perceptible. Les rares proches des détenus se sont presque éclipsés sur la pointe des pieds. Dehors, des récriminations fusaient parmi la foule qui s'était massée non loin du tribunal de Gdyel. Des sanglots, des manifestations de colère ont ajouté au climat de solennité à l'annonce du verdict. Des scènes spontanées de regroupement des habitants de Gdyel ont débordé le cadre magistral du tribunal. Certains proches, dont les détenus ont été soit relaxés ou condamnés avec sursis, gardaient le silence. Les proches, les amis, les voisins ou de simples passants se sont agglutinés aux abords du tribunal refait à neuf. Un important dispositif de sécurité, qui avait pris position aux alentours du tribunal, veillait au grain. Parmi la foule, des cris de “ce n'est pas juste”, “non à la hogra”. Une vielle femme, dont le fils a été condamné à trois mois de prison ferme, ne décolère pas. “C'est ça la justice du pays. Pourquoi a-t-on condamné mon fils à cette peine. Il n'a rien fait. Il ne faisait que marcher lorsqu'il a été arrêté par la police”. Auparavant, le procureur de la République a requis 18 mois de prison ferme assortie d'une de amende de 5 000 DA à l'encontre des prévenus. L'avocat de la partie civile a réclamé 400 millions et 100 000 millions de centimes de dommages et intérêts pour les dégâts occasionnés aux édifices de la Cnas et à l'agence postale. Ce climat tendu était particulièrement ressenti par les habitants de Gdyel, qui ont enterré, hier, un des leurs. Tout le monde parlait du suicide de “Kempes”, sobriquet donné à un jeune de Gdyel. À la veille de l'éclatement des émeutes, “Kempes” s'est jeté du 6e étage d'un bâtiment. Mardi, jour des évènements, le malheureux était dans le coma. Selon des témoignages concordants, des policiers étaient à la recherche de “Kempes” alors qu'il était agonisant. Cette affaire prit les tournures d'une véritable “intrigue” qui fait à présent jaser les habitants de Gdyel. Aux abords immédiats du tribunal, la forte présence des forces de sécurité, dont des renforts dépêchés d'Oran, canalisait la foule qui montrait des signes de mécontentement. K. REGUIEG-YSSAAD