Onze mineurs, qui comparaissaient à huis clos devant le tribunal correctionnel de Gdyel, ont été condamnés, tard dans l'après-midi d'avant-hier, à un mois de prison ferme à l'encontre de cinq prévenus et six mois avec sursis assortis de 2 000 dinars pour les six autres prévenus. Les 11 mineurs impliqués dans les émeutes, qui ont secoué la localité de Gdyel, il y a 13 jours, ont été longuement auditionnés par le juge pour mineurs. Une procédure spéciale a été établie par le tribunal de Gdyel dans ce cas de figure où des mineurs font l'objet de poursuites judiciaires. Les chefs d'accusation retenus contre les 11 mineurs, à savoir “attroupement non armé et détérioration des biens d'autrui”, ont été également retenus contre 29 prévenus majeurs appréhendés suite aux évènements de Gdyel. Parmi eux, 11 prévenus bénéficieront de la relaxe, 4 autres inculpés écoperont de six mois de prison ferme assortis de 5 000 dinars, alors que 5 prévenus répondant aux mêmes chefs d'inculpation seront condamnés à trois mois de prison ferme assortie d'une amende de 5 000 dinars. Par ailleurs, 7 prévenus inculpés d'incendie volontaire encourent le tribunal criminel. Nous apprenons dans ce contexte que l'instruction suit toujours son cours. Lors de l'audience du 22 avril dernier, le procureur de la République avait requis 18 mois de prison ferme assortis de 5 000 dinars à l'encontre de tous les prévenus. Pour rappel, les émeutes qui ont éclaté “spontanément” entre les jeunes émeutiers et les forces de l'ordre ont particulièrement ciblé des édifices publics. Le tribunal, l'agence postale, un bloc administratif et le siège de la Cnas ont été partiellement ou totalement endommagés. Dans le sillage du petit tribunal de Gdyel, des familles ont été soulagées à l'annonce du verdict. En revanche, d'autres familles, moins chanceuses, ont émis le vœu de voir les peines infligées à leurs enfants allégées. Le suspense pesant, qui a régné tout au long de l'audition des jeunes inculpés par le juge des mineurs, a tenu en haleine les proches des détenus. Tenus à distance du tribunal, les familles guettaient la moindre information sur le déroulement du procès à huis clos. Ce n'est que vers 19 heures que le verdict fut rendu par le tribunal de Gdyel. Des petits groupes, qui s'étaient rassemblés non loin du tribunal, ont précipitamment quitté les lieux sous l'œil vigilant des forces de l'ordre. Selon notre interlocuteur, aucun incident n'a émaillé le cours de la procédure juridique. Gdyel, qui semble retrouver son calme après les émeutes qui ont éclaté pour des raisons diversement interprétées, s'apprêtent à panser ses plaies. Des parents de détenus que nous avons rencontrés précédemment n'ont pas manqué d'apporter leurs témoignages. Pour les uns comme pour les autres, le dénominateur commun à l'origine des évènements est surtout lié au problème lancinant du chômage. Selon nos interlocuteurs, plus de 60% des jeunes sont désœuvrés et doivent compter sur l'aide financière de leurs parents. Les jeunes, qui veulent exercer de petits métiers, sont continuellement pourchassés par la force publique. “Les autorités locales doivent réfléchir sur un moyen de garantir un travail aux jeunes chômeurs. La politique de 100 locaux par commune n'est pas la solution idoine”, affirme le père d'un détenu rencontré lors du procès. En tout état de cause, cette localité déshéritée située à mi-chemin entre le florissant pôle industriel d'Arzew et la ville économique d'Oran gagnerait plus à intégrer ses innombrables jeunes dans des projets de production. Comme le soulignera une personne âgée de Gdyel : “Ce ne sont pas les bras qui manquent ici, mais le bon raisonnement des uns et des autres”. À commencer par la réalisation d'une agence nationale de l'emploi au profit des jeunes chômeurs de Gdyel. K. Reguieg-Yssaad