L'augmentation varie entre 2 et 5% pour les modèles Renault. L'ascendante flambée de l'euro par rapport au dinar continue de perturber la situation du marché de l'automobile dans notre pays. Cette augmentation qui avoisine actuellement les 92 DA/1 euro, a poussé, encore une fois, les concessionnaires automobiles à revoir à la hausse les prix de leurs véhicules. Les plus touchés demeurent indubitablement les opérateurs qui interviennent sur la zone euro. Le premier à réagir à cette nouvelle situation, engendrée par une conjoncture économique inattendue, n'est autre que Renault Algérie. Le souci du représentant du constructeur français est d'éviter à sa clientèle toute mauvaise surprise à l'annonce de la nouvelle tarification. “Nous réagissons comme le fera un opérateur économique. Les coûts de revient augmentent et nous sommes dans l'obligation de répercuter, systématiquement, cela sur les prix de vente”, expliquera désolé M. Bessassi, chargé du marketing à Renault Algérie. Cette filiale de la maison-mère a procédé depuis lundi à une hausse en moyenne de 4% sur tous ses produits. Les voitures d'entrée de gamme, telles que la Clio Classic (CC) et la Clio Bicorps (CB) ont subi, selon M. Bessassi, une révision à la hausse de moins de 3%, alors que celle des autres a, en revanche, dépassé les 5%. Ainsi, le client qui souhaiterait acheter une CC doit désormais rajouter un montant qui se situe entre 20 000 et 30 000 DA suivant les versions de ce véhicule. Cette voiture (la base) qui était cédée jusqu'à il y a une semaine à 699 000 DA est actuellement affichée à 719 000 DA. Le prix de la CB a connu une hausse entre 30 000 et 40 000 DA. Elle était de 799 000 DA auparavant mais elle a augmenté pour atteindre les 829 000 DA de nos jours. Les autres modèles n'ont, bien entendu, pas échappé à cette sentence décidée, malgré elle, par l'entreprise. L'augmentation qui leur a été réservée passe de 50 000 à 90 000 DA. Ce dernier montant touchera la nouvelle Mégane qui sera bientôt commercialisée en Algérie. “La situation est impressionnante ! Depuis janvier 2002 à ce jour, nous avons appliqué une augmentation sur nos prix de 29% en moyenne, étalée sur 7 tarifs successifs différents”, précisera notre interlocuteur. Les 5 premiers tarifs ont été, selon lui, effectués durant l'année 2002. Un autre prix a été apposé sur les factures dès le 1er janvier 2003 et le septième le mois courant. “La hausse de nos coûts n'a pas suivi d'une manière mathématique celle de l'euro par rapport au dinar. Nous avons démarré l'année 2002 avec un taux de change qui avoisine les 67 DA/1 euro pour arriver aujourd'hui à 92 DA/ 1 euro alors que nos différentes augmentations n'ont pas franchi la barre des 29%”, a tenu à souligner M. Bessassi. Cet état de fait n'a pas été sans conséquences sur la situation financière de l'entreprise dont la marge bénéficiaire a, estime ce responsable, subi des pertes de près de 4%. En dépit de toutes ces perturbations, Renault Algérie, avoue notre source, garantit les prix des commandes. En d'autres termes, les clients, qui ont passé des commandes à une date antérieure, “ne vont pas payer le redressement des nouveaux tarifs. Or, sur le bon de commandes et la facture pro forma même, il est clairement mentionné que les prix pratiqués sont ceux à la livraison du produit”, affirmera notre source. Devant cette nouvelle donne, le représentant de la marque française craint que ses ventes diminuent. Ce qui l'obligerait à bien présenter ses produits à sa clientèle de sorte à la fidéliser. Une véritable stratégie de marketing est, à ce propos, de mise. Reste à savoir, toutefois, la réaction du client à ces changements répétitifs. Car, c'est à lui que revient la dernière décision en tant que consommateur. Est-il disposé à admettre ces fréquentes hausses ou, opterait-il pour d'autres marques ? Le marché qui, selon les statistiques de Renault, a connu une hausse de 30% durant les quatre derniers mois par rapport à la même période de l'année 2002, va-t-il, en outre, connaître la tendance inverse ? Autant de questions qui restent toujours posées. Son compatriote Peugeot, est quant à lui en train d'étudier la question. Un dossier de révision des prix est, selon son chargé de marketing, M. Yadadden, en cours de finalisation. Une chose est certaine, le concessionnaire, estime ce responsable, ne peut plus continuer à subir éternellement la dérive du dinar par rapport à l'euro. “Nous avons étudié tous les aspects qui permettront d'offrir un meilleur prix à nos clients tout en maintenant la politique des tarifs, tracée par l'entreprise”, signalera M. Yadadden. La semaine dernière, souligne-t-il, Peugeot a revu à la hausse les prix de toute la gamme des véhicules utilitaires. Le taux va de 2,5 à 3%. “Nous nous référerons à la logique des prix de notre marque ; celle qui va satisfaire au maximum la clientèle”, rassure-t-il. Le même topo a été constaté chez l'autre compatriote, en l'occurrence Citroën. Le concessionnaire s'est donné une semaine de réflexion avant de prendre une quelconque décision. Il temporise, en fait, et attend un éventuellement stabilisation de l'euro par rapport au DA. “Nous restons vigilants et attentifs aux différents changements. Mais si l'appréciation de la monnaie européenne persiste, nous serons dans l'obligation de revoir à la hausse nos prix”, dira Mlle Boubeker, directrice du marketing. Et d'ajouter : “Nous avons une marge de sécurité qui, une fois dépassée, nous serons tenus de répercuter cela sur nos prix de vente”. Citroën prévoit dans ce cas de figure une augmentation de 5% en moyenne sur tous ses véhicules. A 3, pour ne citer que cet exemple, passera, de ce fait, de 860 000 DA à 900 000 DA. L'entreprise a, faut-il le rappeler, révisé ses prix à trois reprises durant l'année en cours. Tout le monde, concessionnaires et clients, se demandent où mènera cette flambée soudaine de l'euro ? Une telle situation constitue, à l'évidence, une aubaine pour les opérateurs qui activent dans la sphère hors euro. B. K.