Alors que Renault a d'ores et déjà procédé à une révision à la hausse de ses tarifs il y a plus de trois semaines, son compatriote Peugeot le fera dès janvier 2005. La flambée de l'euro par rapport au dinar algérien continue à exercer son ascendant sur le marché de l'automobile national. La parité a contraint les concessionnaires activant dans la zone euro, notamment les français, à revoir à la hausse leurs tarifs de deux, voire, trois fois durant l'année dernière. Ce qui leur a valu des centaines de millions de dinars de pertes. L'inextinguible hausse de la monnaie européenne qui a atteint actuellement les 96,5 DA pour 1 euro met les représentants des constructeurs français dans une situation difficile. Après avoir consenti des efforts considérables pour le maintien d'un même niveau de tarifs en dépit de l'augmentation, ils ont fini par lâcher prise. Devant la persistance de cette hausse, ils ont pris la ferme décision de revoir à la hausse leurs prix de vente. Peugeot qui, depuis le début de l'année en cours, n'a pas révisé ses prix, songe sérieusement à le faire dès le mois de janvier 2005. Même si le taux de cette révision à la hausse n'a pas encore été fixé, il n'en demeure pas moins que la décision est irrévocable. “Nous ne pouvons rester sans réaction devant une telle tendance à la hausse de l'euro. Depuis janvier 2004, nous n'avons procédé à aucune augmentation; quand bien même nous vivons des difficultés énormes. Nous avons maintenu le même niveau des prix dans le but de faire profiter le client. Toutefois, il existe un seuil que nous ne saurions franchir, notamment si ça atteint les 100 DA/1 euro”, précisera M. Morel directeur général de Peugeot Algérie. “Nous avons longtemps hésité à augmenter les prix de notre gamme alors que nos concurrents l'ont déjà fait”, affirmera-t-il. Le taux moyen de hausse sera certainement dégagé de la proportion entre le taux de change de janvier 2003 et janvier 2005. L'incidence se situe, pour son compatriote Renault, au niveau des prix de revient qui subissent directement la flambée. “Nous avons été gênés sérieusement par l'ampleur de ce phénomène surtout sa brutalité et la difficulté à le gérer puis à le maîtriser”, déplore M. Tranche, directeur général de Renault Algérie. “Notre financier sera à coup sûr bousculé”, avouera M. Tranche, en soulignant que son entreprise procèdera à un réajustement des prix. Il faut, selon lui, subir le moins de pertes commerciales et financières possibles. Si le taux se situe autour de 92 DA/1 euro, expliquera-t-il, l'entreprise aura assumé. Mais dans le cas où la propension persiste, Renault Algérie aura besoin d'un budget plus conséquent. Pour cela, Renault, indiquera M. Tranche, négociera avec ses fournisseurs en leur demandant de revoir leur marge. La DG demandera, en outre, aux agents composant le réseau de fournir plus d'efforts à travers des opérations dites “blanchies”. Pour rappel, la parité de l'euro par rapport au dinar algérien a connu une augmentation dès le mois d'août dernier atteignant les 88 DA/1 euro. La flambée est arrivée à 94 DA/1 euro vers la fin du mois d'octobre dernier. Ce qui a poussé le “créateur automobile” (Renault) à concrétiser des révisions “modérées”, selon M. Tranche, de 4,5 %, il y a près d'un mois de cela. Cela étant, le français a poursuivi ses campagnes de promotion sur sa gamme. “Désormais, il faut apprendre à vivre avec cet environnement instable et imprévisible”, reconnaît le DG de Renault Algérie. Les prix de vente de véhicules seront, de ce fait, relativement élevés. Car, soutient M. Tranche, l'entreprise fonde sa stratégie à ce propos sur deux champs d'observation principaux. D'abord, la société ne peut aller au-delà d'une certaine limite de pertes. Ensuite, il y a lieu de tenir compte de la réaction des autres concurrents. Même les particuliers, faut-il le rappeler, n'ont pas échappé à ce verdict puisqu'ils ont fini par abandonner la piste de l'occasion pour acheter des véhicules neufs en Algérie. Plus de 70 000 véhicules ont été importés en Algérie durant les neuf premiers mois de l'année dernière. Si les concessionnaires ont importé dans le cadre commercial plus de 40 000 véhicules, les particuliers, quant à eux, n'en ont fait entrer que quelque 33 000. B. K.