Le quatrième congrès du Mouvement de la société pour la paix (MSP) s'ouvre aujourd'hui au complexe Mohamed-Boudiaf à Alger. Ce rendez-vous organique, très déterminant pour l'avenir de la formation du défunt Mahfoud Nahnah, s'ouvre avec une question fondamentale : quel sera le prochain président du MSP que le congrès élira ? C'est en somme la grosse interrogation à laquelle le congrès de cette formation islamiste, membre du gouvernement, aura à répondre. Toutefois, à la veille de ce rendez-vous, les choses ressemblent étrangement à la dichotomie vécue par le Front de libération national (FLN) à la veille de la présidentielle du 18 avril 2003. En ce sens que l'ex-Hamas est scindé en deux : d'un côté, les partisans de Abou Djerra Soltani, l'actuel président du mouvement, et de l'autre, les supporteurs de Abdelmadjid Menasra, vice-président du parti. Les deux parties portent les candidatures tant de Abou Djerra que de Menasra à la présidence du mouvement. Aussi bien les partisans du président que ceux du vice-président jurent que leur candidat est le plus apte et qualifié pour prendre les rênes et la destinée de cette formation islamiste pour un mandat de cinq ans. C'est du moins ce que ne cessent de marteler Mohamed Djemaâ, chargé de communication au MSP et supporteur de Abou Djerra Soltani, et Fateh Guerd, ancien député d'Alger et partisan de la candidature de Menasra. “Notre candidat a toutes les chances d'être élu président du mouvement à l'issue du congrès”, disent les représentants de ces deux tendances. Comment ? “Menasra est soutenu par 42 membres fondateurs du mouvement sur 44, il est appuyé par l'écrasante majorité des cadres du MSP ainsi que la composante du Majliss echoura (conseil consultatif, NDLR) tout comme notre candidat est soutenu au niveau des wilayas”, expliquera Fateh Guerd, en évoquant la candidature de Menasra tout en expliquant que “notre candidat a des positions et une vision politique”. Mohamed Djemaâ se dit, de son côté, très optimiste quant à l'élection de Abou Djerra Soltani à la tête du mouvement : “Nous allons gagner cette compétition car Abou Djerra a le soutien de la base militante du MSP au niveau de toutes les wilayas, même s'il n'a pas le soutien du majliss echourra sortant. Le congrès est souverain et nous avons confiance en notre base militante”. Tout en notant que “nous ne voulons pas d'une oligarchie où l'on nous impose des choses mais nous voulons plutôt que la base militante s'exprime sur les candidatures à travers le vote lors du congrès”. En décodé, il faut savoir qu'à travers Menasra et Soltani ce sont deux visions totalement opposées de la gestion du parti qui s'affrontent. Celle de Menasra se décline à travers une implication des cadres et des membres fondateurs du parti dans la gestion du parti. C'est d'ailleurs pour cette raison que les partisans de la candidature de Menasra revendiquent à ce que le président du mouvement soit élu par le majliss echoura. En guise d'argument, Guerd dira : “Nous voulons que ce soit le majliss echoura qui élise le président pour pouvoir exercer un contrôle sur lui.” La vision de Abou Djerra Soltani et de ses partisans y est totalement et radicalement opposée : elle consiste en une implication de la base militante dans la gestion des affaires du parti. “Les dernières élections législatives et locales ont été à l'origine de candidats élus par la base, il n'y a eu aucun élément parachuté ou désigné”, dit-on, pour souligner cette tendance et cette option dans la gestion imprimée par Abou Djerra. C'est pour cela d'ailleurs que ses partisans souhaitent que ce soit le congrès qui élise le président du mouvement. Toutefois, cette possibilité se trouve contrariée par les statuts du MSP qui stipulent que l'élection du président du MSP est une attribution du Majliss echoura. Il sera donc question d'une proposition d'amendement des statuts du MSP donnant au congrès la possibilité d'élire le prochain président du MSP. Cette proposition sera le fait des partisans de Abou Djerra. Les partisans de Menasra soumettront au congrès la proposition selon laquelle c'est au majliss echoura que reviendra l'attribution d'élire le président du mouvement. Quelle tendance l'emportera ? C'est au 1 400 congressistes de l'exprimer. En tout état de cause, l'élection de l'un ou de l'autre à la tête du MSP marquera indubitablement un tournant décisif dans la gestion, la politique, les positions et, en somme, l'avenir du parti. NADIA MELLAL