Pour les Américains, deux faits ont contribué à renforcer le terrorisme en Algérie en 2007. Il s'agit de la fusion en septembre 2006 des éléments du Gspc avec Al-Qaïda et la fin en août 2006 de la période d'amnistie de la charte de l'Algérie pour la paix et la réconciliation nationale. Le passage du rapport américain 2007 sur le terrorisme consacré à l'Algérie met en exergue le fait que la situation sécuritaire a été marquée par plusieurs attaques terroristes importantes dans tout le pays, et par une évolution de la tactique de terreur et des activités de bas niveau, notamment dans les zones rurales. Cette “hausse” de l'activité terroriste s'explique, selon les auteurs du document, par, d'un côté, la fin de la période de grâce de la charte pour la paix et la réconciliation nationale en août 2006, qui permettait d'amnistier les repentis, et par la fusion, de l'autre, le mois suivant entre le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) et Al-Qaïda, qui avait donné naissance à “Al-Qaïda Maghreb”. Partant de ce constat, il est relevé l'évolution de la tactique utilisée par les terroristes, qui ont depuis recours à l'utilisation des kamikazes dans les attaques. Celle-ci est importée, selon la même source, d'Irak et d'Afghanistan, où elle a été essayée avec “succès” par les insurgés et les terroristes. Elle se résume en l'utilisation “des bombes de voiture de suicide, des gilets de suicide et des dispositifs explosifs improvisés par les terroristes algériens”, suite à l'augmentation du “niveau de coopération et la formation par Al-Qaïda Maghreb”. Le rapport note le changement de stratégie avec l'avènement d'Al-Qaïda. En effet, le Gspc préférait viser des cibles du gouvernement algérien et était plus opposé aux attaques suicide et contre les civils. La prolifération de la tactique utilisée en Irak a eu un effet profond au niveau de l'organisation et de la sophistication utilisées par les terroristes en Algérie. Les ressources principales d'Al-Qaïda Maghreb sont demeurées les mêmes, à savoir les kidnappings pour demander des rançons, les attaques à main armée ainsi que le trafic de stupéfiant et de drogue entre le sud de l'Algérie et le nord du Mali. Les différentes cellules en Europe ont également fourni une assistance, mais à une échelle réduite. La nouveauté est que les étrangers sont devenus des cibles plus indiquées, particulièrement les Américains, les Français et les Russes. L'attaque contre le siège des Nations unies est le signe indicateur dans la modification de la stratégie d'Al-Qaïda Maghreb, qui a considéré cet attentat comme un “succès important”. Il est indiqué dans le rapport que la réconciliation nationale a provoqué une scission béante au sein de la population algérienne, qui est divisée sur la question. D'une part, il y a ceux qui sont “favorables à l'amnistie et à la réintégration, et à une approche plus agressive”, de l'autre “ceux qui sont plus impitoyables vis-à-vis du terrorisme”. Selon ce rapport, “bien que la charte ait officiellement expiré, ses dispositions peuvent encore être appliquées au cas par cas à la discrétion exclusive de la présidence”. Il est signaler la propagande utilisée, à savoir l'appel pour combattre en Irak comme moyen pour recruter les jeunes, lesquels n'ont jamais rejoint l'Irak mais ont été réorientés pour joindre les groupes locaux. Cela est rendu plus facile par le chômage élevé au sein de la jeunesse algérienne, malgré le nombre important d'arrestations, les redditions et la mort de plus de 1 000 terroristes. Le rapport indique que “les vidéos de propagande d'Al-Qaïda Maghreb, qui étaient de qualité d'amateur et ont été mal produites, ont nettement évolué. Il était évident qu'un effort important à été déployé pour améliorer la qualité des vidéos, car ces vidéos et les communiqués servent à attirer la jeunesse algérienne à la cause d'Al-Qaïda Maghreb”. Il est fait état de plusieurs vidéos signalées sur Internet, telles que la série “ombres de l'épée” et de “enfer des apostats” qui montrent des opérations conduites contre des cibles algériennes des services de sécurité ainsi que leur préparation. Cette capacité de conduire une attaque et d'en revendiquer la responsabilité par l'intermédiaire de communiqués dans les heures qui suivent démontrent l'importance qu'accorde Al-Qaïda Maghreb à ce support dans l'espoir de gagner la guerre de médias. Le rapport met en valeur les succès notables des services de sécurité algériens, en mettant à leur actif la reddition du fondateur de Gspc Hassan Hattab en septembre et la mort le 6 septembre dernier de l'“émir” Zohair Harek. K. ABDELKAMEL