RESUME : Déçue par l'évolution des choses, Meriem décide de rentrer sur Alger sans en avertir Karim. C'est la seule solution qui se présente à son esprit. Fuir… Elle se repose un moment et puis descend faire un dernier tour au port. La nuit était étoilée et l'air marin lui fait le plus grand bien. Elle se sent plus calme et se met à marcher au bord de la mer d'un pas traînant. Elle repense à sa vie. Cette dernière lui paraissait vide. Ses études, ses amies, son entourage… Tout cela n'était rien auprès de ce qu'elle avait raté. Elle soupire et repense à ses débuts dans le commerce des bijoux, quand, pour rigoler, elle avait proposé à son père malade de le remplacer dans ses magasins. Fille unique, à la mort de ce dernier, elle avait hérité de tous ses biens. Elle avait vécu à l'aise et s'était permis tout ce dont une femme pouvait rêver : voyages, fringues, bijoux, mais rien n'a pu lui donner cette paix de l'âme qu'elle recherchait. Cette protection qu'elle comptait trouver auprès de l'homme de ses rêves. Son ex-fiancé, elle ne l'avait vraiment pas aimé. C'était un coup de tête. À la mort de sa mère, il lui fallait trouver un appui et cet homme qui, tout au début lui avait inspiré confiance, l'avait déçue et dégoûtée. Tellement déçue qu'elle ne voulait plus revivre la même expérience. Une déception sentimentale, le tunnel noir dans la vie d'une femme. Il est vrai qu'elle ne connaissait encore rien de lui, mais quand il lui avait pris la main dans le temple d'Artémis et l'avait embrassée sur le front, elle avait senti un changement s'opérer en elle. Est-ce ça l'amour ? Elle n'en savait encore rien. Ce qu'elle sait par contre, c'est que lui ne lui a rien démontré de ses sentiments envers elle, si ce n'est ce petit quelque chose qui ressemble à une amitié de passage. Et encore. Peut-être que ce n'est qu'une illusion. Elle remonte la pente et se retrouve sur le quai. De la musique emplissait l'atmosphère. Les pêcheurs font la fête tous les soirs au retour de leurs embarcations. Ils buvaient et dansaient le sirtaki sous le clair de lune. Quelqu'un lui fait signe de se joindre à eux. Elle sourit, et refuse gentiment. Elle reprend le chemin de l'hôtel, puis, par une subite inspiration, s'arrête devant une boutique de souvenir et demande deux statuettes en marbre représentant la déesse Artémis. Elle met une dans son sac à main qu'elle avait en bandoulière et demande un emballage cadeau pour la seconde. Une fois le paquet ficelé, elle y rajoute dessus une rose couleur miel. - Vous ne pouvez faire meilleur choix madame, lui dit la vendeuse. C'est la rose d'or de la déesse Artémis. - Oui, je sais. C'est pour l'offrir. - À un amoureux ? - Oui, dit Meriem en baissant la tête, pour camoufler les larmes qui lui piquaient les yeux. Y. H. (À suivre)