Phénomène rare et honni dans nos traditions, la violence contre les ascendants a pris ces dernières années des proportions inquiétantes obligeant les spécialistes à tirer la sonnette d'alarme. C'est ce qui en ressort d'une étude présentée par le sous-lieutenant, Sihem Abrous, de la cellule communication de la Gendarmerie nationale et concernant la période 2000-2007, ainsi que le 1er trimestre de l'année en cours. 3 685 affaires traitées par ce corps de sécurité ont conduit à l'arrestation d'autant de personnes toutes reconnues coupables de coups et blessures volontaires sur leurs parents. L'histoire qui va suivre, prise comme exemple, est assez éloquente sur la situation dramatique que vit la société algérienne dans ce cadre. Une affaire qui met en scène trois frères âgés de 17, 15 et 13 ans, qui ont sauvagement assassiné leur mère de 40 ans. De jeunes ados en âge de s'occuper de leurs devoirs scolaires, mais qui se sont inconsciemment “convertis” en criminels envers la femme qui leur a donné la vie. La première tentative par laquelle les frères ont attenté à la vie de la maman en lui administrant de la mort aux rats s'est soldée par un échec. Dans une deuxième tentative et sur conseil de leur jeune cousin de 15 ans, ils recourent à un poison violent destiné aux sangliers. Ils saupoudrent des gaufrettes qu'ils vont offrir à leur mère. Mais les gâteaux changent aussitôt de couleur et font revenir les enfants sur leur idée machiavélique. Ils vont jusqu'à chercher un mercenaire pour faire la sale besogne. Un autre échec. Ne restait alors que le passage direct à l'acte, celui de l'assassiner de leurs propres mains. Le moment est choisi lorsque la victime est occupée à coudre. Le cadet arrive par derrière et tire sa maman pendant que l'aîné la traîne par terre. Le cadet sort un long couteau de son cartable et le remet à l'aîné qui, sans tarder, porte à sa maman plusieurs coups au niveau du cou. Elle se débat et réussit à arracher à son fils l'objet du crime. Ce dernier se dirige à la cuisine et saisit un autre couteau avec lequel il donne plusieurs coups à la victime juste sous l'aisselle gauche ainsi qu'au bras. Entre-temps, le benjamin intervient pour mettre sa main sur la bouche de sa mère l'empêchant de crier, alors que le cadet, muni d'une hache, l'achève d'un coup à la gorge. Après s'être assurés de la mort de leur mère, les trois frères traînent son corps à la cuisine et le brûlent, simulant ainsi un accident. Avec l'aide de leur cousin, ils essaient d'enlever toute trace du crime avant de prendre possession de l'argent caché par la maman ainsi que ses bijoux. L'enquête finit par les mettre en cause. Ils ont été présentés devant le procureur de la République de Aïn Defla. L'histoire s'est déroulée il y a juste un mois. À rappeler que les wilayas où sont enregistrés le plus d'affaires de violence ou de coups et blessures contre ascendants sont Oran, Alger, suivies de Sétif, Tiaret, Mascara, Sidi Bel-Abbès. La législation algérienne prévoit des peines allant de 5 à 10 ans comme le stipule l'article 267 du code pénal. Dans le cas d'une incapacité ou infirmité causée par les coups et blessures (perte d'un œil ou autre), la loi prévoit des peines allant de 10 à 20 ans. En cas de mort, sans intention de la donner, c'est la prison à perpétuité. ALI FARÈS