Pour Alliot-Marie, l'Algérie est un “partenaire-clé pour la France dans la lutte contre le terrorisme”. “Le gouvernement français accorde une importance capitale aux relations algéro-françaises”, a déclaré hier matin la ministre française de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités locales, Michèle Alliot-Marie, à l'issue de la signature d'une convention spécifique de financement pour la modernisation et le renforcement des capacités opérationnelles de la Protection civile (d'un montant de 2,2 millions d'euros). Lors du point de presse qu'elle a animé au siège de la direction générale de la Protection, à Hydra (Alger), aux côtés du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, elle n'a pas tari d'éloges à l'endroit de l'Algérie, qualifiant notre pays de “partenaire-clé pour la France dans la lutte contre le terrorisme”. La ministre a beaucoup insisté sur le renforcement de la coopération entre les deux pays dans plusieurs domaines, y compris “économique, culturel, sécuritaire ou sur le plan de la circulation des personnes”. Outre l'élaboration d'un “programme de coopération complémentaire” destiné à la Protection civile, Mme Alliot-Marie a également parlé de la “formation des policiers”, du domaine de “la Police scientifique et technique” pour venir à bout de la délinquance et du terrorisme. “Le terrorisme est un phénomène international et la réponse doit être internationale”, a-t-elle déclaré, se disant convaincue que “c'est ensemble que nous vaincrons les extrémistes et les terroristes”. La ministre a aussi fait part de l'ambition de construire “une relation d'exception” avec l'Algérie, un objectif datant du temps du président Jacques Chirac et poursuivi par son successeur, Nicolas Sarkozy, qui vient de boucler une année à la tête de la présidence française. “L'Islam en France représente la deuxième religion” L'invitée de l'Algérie a évoqué les entretiens qu'elle a eus la veille avec le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Bouabdallah Ghoulamallah, à la résidence Djenane El-Mithaq. “L'islam en France représente la deuxième religion”, a-t-elle reconnu, en se félicitant “des points de convergence” entre les deux parties. La ministre a, par ailleurs, parlé d'une fondation pour les œuvres de l'islam, qui a été créée pour “collecter des fonds” qui serviront à la construction de lieux de culte et pour “jouer un rôle dans le domaine de la communication”. Elle a même fait remarquer que les Français de confession musulmane sont maintenant représentés dans l'Armée française. Quant à la communauté française vivant en Algérie, elle a indiqué avoir discuté de “la liberté” d'exercer la religion “dans le cadre des lieux de culte” existants. Autres points discutés : “l'évangélisation” et “la montée des sectes”. Interrogée sur les élections du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui auront lieu le 8 juin 2008, et sur la Fédération nationale de la Grande-Mosquée de Paris qui conteste la réduction de la représentation algérienne, pourtant première communauté de France, elle a soutenu que le CFCM “va connaître des élections selon des modalités prévues de longue date”. Puis de poursuivre : “Une élection n'est jamais jouée d'avance.” L'UPM : un moyen de sortir du monde des “nains” La ministre française de l'Intérieur a démenti les informations selon lesquels le siège de l'Union pour la Méditerranée (UPM) serait basé en Tunisie et le secrétariat général de l'Union pour la Méditerranée reviendrait au Maroc. “Il faut toujours se méfier des rumeurs”, a-t-elle déclaré, en rappelant que “ce grand projet (…) n'est pas encore réalisé”. “Méfiez-vous des rumeurs”, a encore insisté Mme Alliot-Marie, précisant plus loin que “le rôle stratégique de l'Algérie est évident”. Profitant de la rencontre avec la presse, la ministre a donné son point de vue concernant le projet d'UPM. “D'ici 20 ou 30 ans, vous allez avoir un monde composé de grands ensembles démographiques et économiques”, a-t-elle révélé, citant nommément la Chine, l'Inde, l'Amérique latine, l'Amérique du Nord et “une partie du continent africain”. Selon elle, “l'Union européenne et les pays du sud de la Méditerranée doivent se mettre ensemble, sinon ils seront des nains démographiques et économiques”. De plus, a-t-elle poursuivi, “la création de l'UPM permettra de peser sur les plans économique, culturel et sur les valeurs humaines”. Paris ne se mêlera pas des frontières algéro-marocaines La ministre française devait se rendre hier après-midi, à l'ouest du pays, exactement à Tlemcen, une fois son entrevue terminée avec le président de la République. “Je ne vais pas à Tlemcen pour discuter des frontières algéro-marocaines, mais pour visiter plusieurs sites, surtout les sites des trois religions (monothéistes)”, a-t-elle confié aux journalistes. Michèle Alliot-Marie a, en outre, annoncé qu'elle va “parler de la drogue qui affecte plusieurs pays”, en se référant seulement à “la drogue originaire d'Amérique latine (qui) prend plusieurs circuits”. “Aujourd'hui, il y a des problèmes d'entrée (de drogue) dans le continent africain”, a-t-elle signalé, en plaidant pour “une action commune et complémentaire”. La France se dit respectueuse de la légalité internationale À la question se rapportant au Sahara occidental et à la position contradictoire de la France, qui s'aligne sur les thèses marocaines au détriment de la légalité internationale, de la construction d'un ensemble maghrébin stable et de sa relation avec l'Algérie, qu'elle qualifie pourtant de “partenaire stratégique de première importance”, Mme Alliot-Marie a répondu : “Il faut éviter toutes les interprétations. La position de la France a toujours été conforme aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU”. La ministre a également fait savoir que “la France a toujours souhaité qu'il puisse y avoir une entente et un apaisement des tensions”. Et l'immigration clandestine... D'autres éléments ont été abordés lors du point de presse. La ministre a ainsi donné une idée des questions qu'elle voudrait discuter, le jour même (dans l'après-midi), avec le président Bouteflika. D'abord, “lui transmettre un message du président Sarkozy” et ensuite “parler avec lui de la coopération en matière de sécurité et dans le domaine de la Protection civile et de l'aménagement de l'administration territoriale”. “Je vais l'interroger sur ces questions et avoir son analyse stratégique sur l'ensemble des problèmes qui se posent aujourd'hui”, a-t-elle énoncé. Elle a par ailleurs confirmé le report de la visite, en Algérie, de son collègue des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, indiquant que ce dernier “viendra prochainement”. Concernant l'immigration clandestine, elle a affirmé qu'elle ne relève pas de son département. Elle a expliqué que son ministère est plutôt “intéressé par les contrôles d'identité”. Sur un autre plan, la ministre française a refusé de se prononcer sur “les nouveaux gestes” que pourrait faire Paris, à la veille de la commémoration du 8 Mai 1945. “Pour les problèmes du passé, le président Sarkozy a dénoncé l'injustice du système colonial”, a déclaré Mme Alliot-Marie, avant d'ajouter : “Il faut agir pour l'avenir. Mon rôle est de protéger les citoyens contre les risques d'aujourd'hui et de demain.” Hafida Ameyar