Il ne s'agit pas tant d'établir ou de rétablir la vérité que de tenter, encore une fois, de salir l'armée algérienne. Ce n'est pas parce qu'une question n'est pas assurée d'une réponse qu'il ne faut pas la poser. Le principe vaut même en politique. En l'occurrence, on s'interroge sur les desseins de ceux qui se sont appliqués, après le dénouement heureux de l'offensive menée par l'ANP pour délivrer le premier groupe de dix-sept touristes otages du GSPC dans le Grand-Sud, à semer le doute sur les conditions de cette libération. Récusant la version rendue publique par les autorités militaires algériennes dans un communiqué qui ne laisse de place à aucune équivoque, version au demeurant confirmée par les témoignages obtenus “sans contrainte” des anciens captifs par les journalistes européens qui les ont rencontrés une fois rentrés dans leurs pays respectifs, voici que des “sources algériennes et helvétiques autorisées” avancent un récit de substitution. La voix qui relaie ces informateurs anonymes fait état de négociations, de rançon, prétend qu'il n'y a eu ni morts ni assaut et fait même allusion aux “bons offices” d'un pays voisin qu'elle se garde bien de nommer. A la bonne heure ! Nous serions même tentés d'en conclure que c'est tant mieux puisque, de toutes façons, dix-sept personnes ont été arrachées à une mort certaine et qu'importent les millions de dollars qu'il aura fallu débourser pour cela ! Sauf que cette version revue et corrigée fait l'impasse sur les raisons qui auraient poussé les autorités algériennes à faire intervenir l'armée avec fusées et hélicoptères pour ce qui ne serait donc qu'une mise en scène. Sauf que cette même version évacue, avec un mépris insultant, la guerre impitoyable qu'a livrée, pendant plus de dix ans, l'armée algérienne au terrorisme le plus sanguinaire qui soit. Une guerre dont on conviendra, pour peu qu'on ait un minimum d'honnêteté, qu'elle a permis aux forces algériennes, en en payant le prix le plus lourd en vies humaines, de maîtriser les méthodes et techniques qui permettent de remporter des victoires sur l'ennemi. Telle qu'elle est présentée, la réfutation de l'information contenue dans le communiqué laconique, il est vrai, – mais avait-on besoin d'un récit détaillé ? – du ministère algérien de la Défense nationale n'obéit pas tant au souci d'établir ou de rétablir une quelconque vérité qu'à celui de tenter, encore une fois, de salir l'armée algérienne, pour des fins qu'il serait superflu d'énumérer ici. Elle n'est pas, à cet égard, sans rappeler le fameux “qui tue qui ?” dont on sait à présent par qui il a été enfanté et dans quels buts. M. A.