Dans son rapport annuel sur les droits de l'homme, rendu public hier à Londres, l'organisation non gouvernementale Amnesty International a épinglé nombre de capitales occidentales, tout en appelant les dirigeants du monde à améliorer la situation et à présenter leurs excuses pour six décennies d'échec en la matière. Soixante ans après l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme par les Nations unies, le rapport annuel de l'organisation d'Amnesty International dépeint un tableau sombre de la situation des droits de l'homme en affirmant qu'il existe encore 81 pays au moins où des hommes et des femmes subissent des actes de torture ou autres mauvais traitements, 54 pays au moins où les procès ne sont pas conformes aux normes d'équité et 77 pays au moins où il est impossible de s'exprimer librement. Irène Khan, la secrétaire générale d'Amnesty International a surtout mis l'accent sur “la situation tragique des droits de l'homme au Darfour, au Zimbabwe, à Gaza, en Irak et au Myanmar nécessite des actions immédiates”. Le rapport souligne que “le monde actuel reste marqué par l'injustice, l'inégalité et l'impunité. Il est urgent que les Etats agissent pour combler le gouffre béant qui sépare la promesse de la réalisation”.Poursuivant la responsable de l'ONG dira que “l'année 2007 a été caractérisée par l'impuissance des gouvernements occidentaux et les positions ambivalentes ou incertaines prises par les puissances émergentes, peu enclines à agir face à des crises particulièrement graves dans le domaine des droits humains, depuis les conflits de longue durée jusqu'à des inégalités croissantes qui aggravent la situation de millions de personnes”. Amnesty International exhorte les gouvernements à instaurer un nouveau modèle de direction collective fondé sur les principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Mettant à l'index Washington, Irène Khan estime que les Etats-Unis d'Amérique doivent fermer le centre de détention de Guantanamo et tous les lieux de détention secrets, poursuivre les détenus conformément aux normes d'équité des procès ou les libérer, et rejeter sans ambiguïté le recours à la torture et aux autres formes de mauvais traitements. Elle ne manquera pas également de dénoncer l'attitude complice de l'Union européenne, à laquelle elle suggérera d'enquêter sur la complicité de ses Etats membres en ce qui concerne les “restitutions” de personnes soupçonnées de terrorisme en ajoutant qu'auprès de ses membres, l'UE doit être aussi exigeante en matière de droits humains qu'avec les autres pays. C'est dire que le rapport adresse une sévère critique des pays occidentaux qui se prévalent de leurs réalisations en matière de droits de l'homme, en raison notamment des lois promulguées récemment dans nombre de pays européens impliqués dans un programme secret de transfert de personnes soupçonnées de terrorisme, orchestré par les Etats-Unis. Ainsi, il est précisé que dans le rapport que la nouvelle loi française sur l'immigration, l'intégration et l'asile qui met des entraves au droit au regroupement familial et prévoit des tests ADN pour s'assurer de la filiation, a buté contre une farouche opposition. Amnesty arrive à la conclusion que dans de nombreux domaines, la sécurité prenait le pas sur les droits fondamentaux de la personne, ce qui nuisait à l'une comme aux autres. K. ABDELKAMEL