La torture est pratiquée dans au moins 81 pays, les procès ne respectent pas les normes d'équité dans au moins 54 et il est impossible de s'exprimer librement dans au moins 77. Soixante ans d'échecs en matière des droits de l'homme. Tel est le titre du rapport annuel de l'organisation d'Amnesty International. Cette organisation trace un tableau noir sur la situation des droits de l'homme dans le monde. Le bilan donne «peu de raisons de se réjouir». Plusieurs pays bafouent encore, note le rapport, ce droit. Elle mentionne que le monde d'aujourd'hui est marqué par l'injustice, l'inégalité, les assassinats, le racisme, la torture, la condamnation...etc. Soixante ans après la signature, en 1948, de la déclaration, la torture reste ainsi pratiquée dans au moins 81 pays, les procès ne respectent pas les normes d'équité dans au moins 54, il est impossible de s'exprimer librement dans au moins 77, a déclaré Irène Khan, la secrétaire générale d'Amnesty Internationale. Cette ONG «cible» en premier lieu les pays occidentaux. Il revient, note le rapport, aux «puissants de donner le bon exemple» pour que les principes fondamentaux de la déclaration de 1948 soient enfin respectés. Les pays occidentaux critiqués sont notamment, les Etats-Unis, la France, l'Angleterre, l'Italie, la Russie et d'autres pays puissants tels que la Chine et d'autres pays de l'Union européenne. Aux Etats-Unis, le rapport, publié hier à Londres, dénonce la torture contre les prisonniers de Guantanamo. «Les Etats-Unis d'Amérique doivent fermer le centre de détention de Guantanamo et tous les lieux de détention secrets, poursuivre les détenus conformément aux normes d'équité des procès ou les libérer, et rejeter sans ambiguïté le recours à la torture et aux autres formes de mauvais traitements». Dans le même rapport, Amnesty critique le pays des droits de l'homme, la France. Elle précise que la nouvelle loi française sur l'immigration, l'intégration et sur l'asile met des entraves au droit au regroupement familial et prévoit des tests ADN pour s'assurer de la filiation, a buté sur une farouche opposition. Le rapport a, également, critiqué le gouvernement britannique qui a «expulsé des personnes représentant, selon lui, une menace pour la sécurité nationale vers des pays où elles étaient réellement exposées à de graves violations de leurs droits fondamentaux». «Les étrangers, y compris ceux qui cherchaient à obtenir une protection internationale, restaient exposés à un ensemble de violations des droits humains. Hommes, femmes et enfants n'avaient pas accès, sans de grandes difficultés, aux procédures de demande d'asile. Certains ont été placés en détention au mépris de la loi, d'autres étaient privés de l'assistance et du soutien juridique indispensables», révèle Amnesty. Le racisme est dénoncé en Italie. la section italienne d'Amnesty International a mentionné que ce pays a connu une vague de racisme. «Nous faisons face désormais à une vague de racisme qui concerne tous les immigrés présents sur le territoire italien, aussi bien ceux qui sont en règle, que les clandestins», a dénoncé Daniela Carboni, une responsable de cette section. Elle rajoute que l'Italie risque de devenir un pays dangereux, aujourd'hui pour les Roms et les Roumains, «demain potentiellement pour nous tous». Amnesty appelle la Russie à se montrer plus tolérante à l'égard de la dissidence politique, et ne doit pas tolérer l'impunité des atteintes aux droits humains commises en Tchétchénie. Concernant l'Union européenne, Amnesty précise que des Etats membres se sont rendus complices d'un programme de détentions clandestines et illégales orchestré par les Etats-Unis, souligne encore le rapport. Elle accuse certains pays de transfert de personnes vers d'autres pays, en dehors de tout cadre légal. Elle explique que ces Etats deviennent complices de disparitions forcées, de torture et d'autres mauvais traitements sur ceux qui faisaient l'objet des «restitutions» et des placements en détention secrète. Irène Khan explique, enfin, que «2008 représente une occasion sans précédent pour les dirigeants, récemment venus au pouvoir et les pays apparus sur la scène mondiale de s'engager dans une direction nouvelle et de rejeter les politiques et pratiques à courte vue qui, ces dernières années, ont transformé le monde où nous vivons en un lieu plus dangereux, où la division règne encore davantage».