Elle a diagnostiqué un certain nombre de raisons à l'origine de ce nouveau fléau. Accomplissant le vœu de ceux qui voient le football comme une autre façon de se faire la guerre et pour certains clubs de l'argent, la violence qui se propage en dehors des stades pose un véritable problème de sécurité publique. Elle est même considérée comme l'une “des plus importantes formes d'atteinte à l'ordre public” par le service en charge de ce dossier au niveau de la Sûreté nationale. Cela commence généralement par le lancement de pierres par les supporters en direction des agents de l'ordre, suivi d'affrontement entre supporters des clubs, agression de citoyens pendant le parcours (blessures, vol à l'arraché, injures…) et saccage de biens privés et publics. “En dépit de l'engagement des services de wilaya de la sécurité publique en matière de maintien de l'ordre à l'intérieur et l'extérieur des stades, l'évolution de la menace reste toutefois posée avec acuité”, telle est l'appréciation de la Direction de la sécurité publique qui reproche, dans un document traitant de la question, à “certains dirigeants de club de ne pas assumer le rôle qui leur est dévolu, à savoir celui d'éducateur et de dirigeant proprement dit”, et à qui elle recommande de s'imprégner davantage de leurs responsabilités. La programmation de rencontres à enjeux dans des stades dont le nombre de places est inférieur à l'afflux attendu des supporters, la vente excessive de billets par rapport aux capacités d'accueil de la structure sportive, la vente de billets scannés donc trafiqués, l'indiscipline de certains joueurs et le manque de professionnalisme de certains arbitres sont également cités comme les principales causes de déclenchement de la violence dans et en dehors des stades. Au plan infrastructurel, la DGSN, dans son diagnostic du mal qui ronge le sport algérien, cite le manque de moyens de protection des accès aux vestiaires, l'insuffisance du nombre de portes d'accès et de sortie, l'absence de tribune officielle, l'absence de séparation entre gradins, tribunes et virages, l'implantation de la majorité des infrastructures sportives dans des zones urbaines à forte densité populaire et l'inexistence de structures d'accompagnement (parking, sanitaires, buvette…). À cela s'ajoute, peut-on lire, dans ce document “la mauvaise prise en charge des stades par des gestionnaires, notamment en ce qui concerne la réfection des clôture, l'ouverture des issues de secours, l'enlèvement des pierres et autres gravats jonchant les abords des stades”. Mais au-delà de toutes ces carences relevées sur le plan structurel et organisationnel, de la corruption qui mine le monde du sport et en fait un business lucratif, les gradins semblent devenir pour ces milliers de jeunes en manque de perspectives, presque un exutoire pour évacuer leurs frustrations. Et ce sont les policiers qui paient en premier lieu le prix de cette anarchie, parce que sommés de jouer la carte de l'équilibre, en tentant de maintenir l'ordre sans recourir à des moyens extrêmes de dissuasion. L'un d'entre eux a perdu la vie dans les derniers affrontements entre supporters dans la capitale. À Oran comme à Alger, plusieurs dizaines de policiers ont été également blessés contre 251 fonctionnaires de police durant la saison sportive 2006-2007 et 188 en 2005-2006. Ces actes de vandalisme ont causé, en outre, la destruction pendant la même période, de 130 véhicules, dont 43 appartenant à la DGSN, 5 à la Protection civile et 82 à des particuliers. Afin de juguler ce phénomène qui, selon elle, “porte atteinte à l'image du sport en Algérie”, la Direction de la sécurité publique propose, d'une part, l'implication de manière permanente des commissions de wilaya de coordination de manifestations sportives et, d'autre part, l'établissement d'un cahier des charges déterminant les missions et responsabilités des différents partenaires concernés par la gestion des manifestations sportives, une plus grande coordination entre instances sportives et services de police sur l'importance de la rencontre, l'itinéraire des supporters et l'évaluation du risque, la programmation en nocturne des matches à caractère derby ou à risque, l'installation de télésurveillance et enfin l'implication des joueurs populaires à travers une campagne de sensibilisation contre la violence dans les stades en direction, bien entendu, surtout des jeunes issus de quartiers défavorisés. N. H.