Contrairement à l'Algérie, ce n'est pas le sport qui est derrière la grosse colère des citoyens tunisiens et marocains. Les conditions sociales précaires de la population l'ont fait sortir dans la rue pour revendiquer leur amélioration. Si des émeutes ont éclaté à la fin du mois de mai dernier dans la plus grande ville de l'Ouest algérien, en signe de protestation contre la rétrogradation en division inférieure du club local de football, le Mouloudia d'Oran, le Maroc et la Tunisie n'ont pas été non plus épargnés par ce phénomène de violence qui commence à prendre des proportions inquiétantes dans les trois pays du Maghreb. Inconnues jusque-là du grand public, les localités de Redeyef, dans le sud-ouest de la Tunisie, et de Sidi Ifini, dans le sud du Maroc, se sont retrouvées sous les lampions en raison des violentes manifestations les ayant secouées. Contrairement à l'Algérie, ce n'est pas le sport qui est derrière cette grosse colère des citoyens tunisiens et marocains. Les conditions sociales précaires de la population l'ont fait sortir dans la rue pour revendiquer leur amélioration. Dans les deux cas, les manifestants ont donné libre cours à leur ire. Ils ne se sont pas privés de dénoncer les pratiques des administrations publiques que sont le favoritisme et la bureaucratie dans l'attribution des postes de travail, pour une fois qu'il y en avait. L'augmentation des prix de produits de première nécessité n'est certainement pas étrangère à cette expression de colère, laquelle a été, bien sûr, sévèrement réprimée par la force, ajoutant à la frustration générale. Devant l'impossibilité de se faire entendre par les responsables concernés quand elles se sentent lésées dans leurs droits, sortir dans la rue est devenu l'unique moyen de protestation pour les masses populaires dans les pays du Maghreb, au risque de se faire matraquer par les forces de sécurité. Ce phénomène, qui prend de l'ampleur, donne une mauvaise image des régimes, notamment en direction de l'Occident, lequel est à l'affût des moindres signes de contestation populaire pour lancer ses mises en garde au nom des droits de l'homme. K. A