Cette sémantique de la fermeté et de la certitude ne laisse pas de faire naître des questions sur la nature de l'alliance qui s'est conclue entre Bouteflika et Ouyahia. Il survit encore aux déclarations de Ali Benflis, au lendemain de sa cessation de fonctions à la tête du gouvernement, de fausses conjectures sur les raisons de sa disgrâce. Normal pour qui est convaincu que, dans de telles situations, rien n'est jamais dit en totalité. Ce qui demeure de cet épisode, une fois orientés ailleurs les projecteurs de l'actualité politique, c'est que le nouveau titulaire du poste est en charge des mêmes missions que son prédécesseur et qu'il entend, lui, les mener “avec conviction”. Il l'affirme en déclarant reprendre à son compte “le programme gouvernemental en cours” et en poursuivre la mise en œuvre. Ce programme va donc être présenté au Parlement. Au même Parlement qui l'a adopté il y a moins d'une année. On est presque tenté de dire que le pouvoir aurait pu faire l'économie de cette formalité. Sauf que le nouvel Exécutif attribue au précédent, dont la composante humaine n'était pas fondamentalement différente, la responsabilité d'avoir accusé d'amples retards dans la conduite des chantiers lancés sous la houlette du président de la République. On sait ce qu'il en est, en réalité, de ces retards et, particulièrement, des domaines qui en ont été affectés. Ce serait de la redite que d'énoncer aujourd'hui les axes majeurs de l'action gouvernementale à laquelle va une nouvelle fois donner sa bénédiction l'Assemblée nationale en vertu d'une résolution, louable en soi, de n'opposer aucun obstacle. En revanche, la question qui se pose est celle de savoir s'il est raisonnable d'espérer, fût-ce au prix du rythme le plus soutenu qui soit, l'achèvement en quelques mois de projets nationaux qui n'ont enregistré aucun progrès notable depuis plus de quatre ans. Si l'équipe est sensiblement la même, la volonté politique égale à ce qu'elle était, comment croire que le seul changement de chef d'orchestre aurait la vertu de mener à leur terme les réformes du système éducatif, de la justice, de l'organisation de l'Etat, les privatisations assorties d'un pacte social… ? Samedi prochain, M. Ahmed Ouyahia exposera l'avant-projet du programme de son gouvernement. Un avant-projet que l'introduction annonce comme celui d'un Exécutif qui se refuse à inscrire son action dans une mission de transition. Cette sémantique de la fermeté et de la certitude ne laisse pas d'alimenter des questions sur la nature de l'alliance qui s'est conclue entre Bouteflika et Ouyahia. M. A.