Le ministre de l'Intérieur, M. Yazid Zerhouni, et celui de l'Habitat, M. Nourredine Moussa, ont organisé hier à Oran une rencontre au siège de la wilaya, réunissant l'ensemble des directeurs de wilaya et certains élus, dans le souci “d'évaluer la problématique des constructions et du vieux bâti à Oran et de voir les effets du dernier séisme”. C'est ainsi du moins que le ministre de l'Intérieur expliquera les raisons de cette visite avant d'ajouter plus loin qu'“au-delà de cet aspect, il s'agit de poser le problème du vieux bâti ainsi que les autres problèmes de fonctionnement, d'hygiène, de circulation dans la ville puisqu'Oran accueillera en 2010 la conférence internationale du GNL. Comment faire pour rendre cette ville plus attractive ?” C'est sous le prisme de cette échéance de 2010 que, désormais, va se jouer la question de la prise en charge du vieux bâti à Oran. C'est donc dans l'urgence que les pouvoirs publics se penchent sur cette problématique et tenteront de dégager et d'identifier les opérations de réhabilitation qui pourront être menées prioritairement. Si dans la présentation de l'état des lieux, faite par le wali d'Oran, il est question du bilan du dernier séisme le 6 juin, ayant causé deux décès, l'effondrement de 10 bâtisses et des fissurations constatées au niveau de 27 immeubles, pour la seule année 2007 il y avait eu 211 effondrements concernant 659 familles. Et d'ajouter à l'attention du ministre de l'Habitat que ce sont 168 familles qui doivent être relogées en urgence suite aux deux derniers séismes ayant frappé la région. Les différents recensements, réalisés par l'OPGI en 2005 et 2007, ont abouti à l'identification de plus de 2 140 bâtisses à Oran (immeubles et haouchs) menaçant ruine, dont la majorité est gérée par l'OPGI. L'évaluation financière des opérations de réhabilitation prévues par la wilaya d'Oran n'a pas manqué de faire réagir les deux ministres. En effet, trois grands sites à Oran ont été retenus comme Sid El-Houari, le centre-ville, le boulevard Maâta…, soit 200 immeubles identifiés avec des interventions de ravalement de façades pour un montant de 700 millions de DA. En outre, ce sont encore 320 millions de DA pour le diagnostic de 54 autres immeubles qui seront nécessaires. Réagissant aussitôt, M. Nourredine Moussa exigera comme tout préalable à l'identification des immeubles menaçant ruine des expertises et diagnostics de la part du CTC, ce qui n'a pas été le cas pour les 200 immeubles retenus. Alors que 657 bâtisses ont étaient classées à “haut risque au 1er degré” concernant 657 familles, le ministre de l'Intérieur exigera à son tour une évaluation du danger réel représenté par ces immeubles, car la question de l'évacuation et du relogement des occupants est encore une autre problématique qu'il va falloir prendre en compte. Par ailleurs, le wali a aussitôt demandé l'inscription de 5 000 logements pour les familles résidant dans des bâtisses en péril. Après l'exposé des chiffres, le ministre de l'Intérieur fixera aux responsables locaux son exigence pour préparer la ville d'Oran à l'occasion de la conférence internationale du GNL en 2010. “Il faut, en effet, organiser et identifier les axes de développement ; il ne s'agit pas seulement de sauvetage d'un immeuble, mais de projection de ce que sera la ville dans le futur.” Et de rappeler les données du dernier recensement de la population qui a montré que 80% de la population vivent dans les villes et le vieillissement de cette population, l'espérance de vie des Algériens atteignant les 70 ans. Le ministre de l'Habitat soulignera aussi la nécessité de mettre en place un plan d'urbanisme du vieux bâti, un POS pour le centre-ville et clarifier la rénovation urbaine. F. boumediene