RESUME : Sans l'intervention de Saleha, Dahmane aurait battu Katia. Son retour lui est insupportable. Il faut des semaines pour que leur vie retrouve le calme. Katia est décidé à prendre sa vie en main. Mais elle doit patienter, attendre le bon moment… 40iéme partie Le temps lui paraît long. Elle a beau voir l'aiguille de la pendule tourner, les jours passés, son impatience l'empêche de dormir. Pourtant, la rentrée scolaire pointe son nez. Dahmane a emmené Lila et lui a acheté tout un trousseau scolaire. Lila est folle de joie. Chaque matin, elle se prépare comme si c'était le grand jour. C'est la rentrée avant l'heure. Saleha est tout fière d'elle. Elle ne peut s'empêcher d'être reconnaissante envers Katia. Elle a tant appris à Lila qu'elle épatera certainement sa maîtresse par son savoir. - Je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour elle, lui dit-elle. Dommage que tu n'aies pas pu finir tes études. - Oui. Arrange-toi pour que Lila ne connaisse pas le même sort. - Je me battrai pour qu'elle aille loin dans ses études, promet-elle. Mais l'école est loin du village. Je n'ai pas le cœur à la laisser chez son oncle. Si Dahmane m'écoutait, on vendrait la ferme et on irait s'installer ailleurs. On est coupés du monde. - Dis-lui toujours. Peut-être qu'il t'écoutera. Toutes deux sont surprises quand il accepte. Elles se sont attendues à ce qu'il le prenne mal vu son renfermement depuis des années. La ferme étant à la famille, il consulte son frère Kader. Ce dernier veut bien la vendre. Elle est isolée et vue la situation sécuritaire inquiétante, personne n'oserait s'aventurer à y vivre. - Ce sera un miracle si tu trouves acheteur ! Pourtant, une famille très riche dans la région leur fait une proposition intéressante. Kader et Dahmane ne les font pas attendre. Tous deux savent que les clients ne vont pas se bousculer. D'ailleurs, cette famille ne va pas y vivre, mais y loger des employés qui élèveront des bovins. Ils pourront y vivre avec leurs familles. Dahmane vend aussi son troupeau de moutons. Il est décidé à vivre au village. Il achète un appartement à un particulier et sans même refaire des travaux, ils y emménagent. Katia est folle de joie. Elle a l'impression de rêver. Ils résident au village, à une centaine de mètres de chez son oncle. À force de recevoir ses nièces, son père finira par l'autoriser à leur rendre visite quand elle voudra. Sa situation est en train de s'améliorer. Dahmane ne cherche pas du travail. Il est trop vieux pour cela. Mais pour ne pas mettre la main sur les économies, il décide de devenir commerçant ambulant en fruits et légumes. Cela l'occupe et permet de voir du monde. Un jour, Kader passe lui dire bonjour. En fait, il est venu lui parler de Katia. - Le lycée recrute des surveillants. Le responsable m'a demandé si on serait intéressé, dit-il. Je pense que Katia… - Non, non, elle n'a pas besoin de travailler. Je t'assure, elle ne manque de rien. - Je sais, mais puisqu'elle se tourne les pouces, autant qu'elle se rende utile et ramène de l'argent à la maison, insiste Kader, qui a cru que son frère allait changer en voyant que les mentalités ne sont plus comme avant. Mais Dahmane refuse. Il ne veut pas que Katia sorte. Lorsqu'il met Saleha au courant, celle-ci ne comprend pas son refus. - Un jour, tu ne seras plus là pour assurer, dit-elle. Laisse-la travailler. Il n'y a rien de déshonorant. - De quoi tu te mêles ? Ce n'est pas ta fille ! - Raison de plus, rétorque-t-elle. Tous vont croire que je suis contre le travail uniquement pour qu'elle soit à ma merci. Regarde autour de toi, elles sont nombreuses à travailler. Mais ce ne sont pas des arguments qui le pousseront à revoir la question. Katia, depuis le couloir, a tout entendu. Elle est furieuse après son père. De nouveau, elle est prise par l'envie de partir… A. K. (À suivre)